Reality
Depuis qu'Enzo est passé dans l'émission de télé réalité "Il Grande Fratello" (le loft story Italien, qui existe depuis 2000), il est devenu une star. Il est riche, tout le monde se l'arrache. De l'autre côté de l'échelle il y à Luciano qui tient une poissonerie dans un quartier pauvre de Naples. Avec sa femme et son ami/employé, ils organisent un trafic de robot ménager pour pouvoir finir le mois. Un jour, ses trois enfants le poussent à passer un casting pour la nouvelle saison de "Il Grande Fratello". Son premier essai étant concluant, il est convié à un second casting à Rome. C'est alors que Luciano commence à perdre pied. Persuadé qu'il va être rappelé pour entrer dans la Maison, il va peu à peu détruire sa vie et sa famille.
"Reality" a obtenu le Grand Prix lors du 65ème festival de Cannes (2012) et ce n'est que juste récompense pour le réalisateur/co-producteur et co-scénariste Matteo Garrone. Plus encore depuis le début de la crise économique de 2007, "Reality" est en phase avec son époque : sur-médiatisation générale, besoin de reconnaissance, crise et argent facile. Il faut vendre du rêve ! Si d'un point de vue réalisation, Garrone livre une pépite, ce n'est pas le cas pour le fond. En effet, les 1h55 de film paraissent très très longues. Sans être complexe, l'histoire met du temps à se poser. De plus, il faut faire un effort incroyable pour arriver à associer les personnages et les actions à l'histoire. La lenteur de l'action qu'impose la dimension dramatique du projet ne fait qu'amplifier cet effet de lourdeur. La représentation des acteurs est néanmoins très bonne. De l'autre côté, il y a la réalisation, et, pour le coup, c'est un gros point fort du film. Matteo Garrone nous offre de très beau plans et des angles de vue vraiment intéressants. Le jeu qu'il peut faire avec les ombres est recherché et les flous sont enfin utilisés de manière pertinentes. Les deux seuls points négatifs sont l'utilisation un peu trop fréquente de la caméra portée ainsi que la scène de la boîte de nuit qui fera exploser les yeux ou la tête (ou les deux) du spectateur. Bref, "Reality" est un bon film, mais il ne faut pas le mettre entre toutes les mains.