Course à pied

Courses de fin d'année (2023)

Sunday, 24 September 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Logo Odyssea

Le temps passe vite... Dans moins d'un mois, le dimanche 22 octobre, à 9h, boulevard du Midi Louise Moreau à Cannes, sera donné le départ du 10km. 10km pour soutenir la lutte contre le cancer du sein avec l'association Odyssea. Pour ceux qui ne cherchent pas le challenge, la version 5km (une seule boucle) qui démarre à 11h peut se faire en marchant, ainsi que la course enfants. Quant aux retardataires, ils pourront se rabattre sur la course connectée (entre le 16 et le 29 octobre).

Retour : Les conditions étaient parfaites : grand soleil, légère brise marine, ~14°C. Oui, mais voilà, entre les blessures, les infections et le manque de rythme, je n'envisageais pas de viser un quelconque chrono. Surtout quand 5 jours avant, il m'était impossible de courir à cause d'une grosse douleur à la cuisse. Glace, crème anti inflammatoire, le compte à rebours était lancé ! Incertain jusqu'à la veille, j'ai quand même pu prendre le départ, ne sachant même pas si j'allais devoir abandonner. Si la douleur était supportable à allure modérée, il a fallu baisser de rythme aux 5km sous peine de tout casser. Finalement, j'ai quand même pu accélérer peu avant la fin. Le temps et le classement était donc ailleurs ce dimanche, seul objectif visé : participer et terminer afin de soutenir une cause chère. 680 autres participants se sont pressés pour ce 10km, malgré de nombreux couacs de l'organisation : arrivé sur place pour récupérer mon dossard avec 30 minutes d'avance, j'ai franchi la ligne de départ 5 minutes après le coup d'envoi et d'autres ... avec 20 minutes de retard. On notera également le fait qu'il n'y ait toujours pas de consignes pour les sacs (pourtant la course est co organisée par l'AC Cannes ...) et la distribution à l'arrivée d'une petite bouteille d'eau par personne (de la part d'un sponsor), donc beaucoup de plastique inutile... Pourtant, les bénévoles ont répondu présent et la course s'est déroulé sans encombre. Même si le classement est plus qu’anecdotique cette année, une 361e place en 56'23 (50'55 sur ma montre) est tout à fait honorable. Toutes courses confondues, ce sont 3800 participants et 38 000€ de récoltés qui permettent de financer le centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne, ASSO Cannes et SOS Cancer du sein PACA, quand on vous dit que l'essentiel était ailleurs !

Départ course des paroisses

Le 11 novembre tombe un samedi en 2023. Pour évacuer son trop plein d'énergie, il faudra se rendre dans le massif de l’Estérel afin de participer à la traditionnelle course des Paroisses, organisée par la paroisse de St Raphaël. Je pari sur un 12km sous la pluie cette année ! (On se réchauffera avec un bonne crêpe à l'arrivée). Une version 5km et une course enfant est également disponible.

Retour : Quel plaisir de se tromper ! Il faisait grand beau ce samedi ! 17°C/18°C et surtout du vent pour chasser les nuages (et nous ralentir au passage). La pluie des derniers jours a obligé les organisateurs à modifier légèrement les fins de circuits, mais n'a pas découragé les quelques 452 participants. Et comme (presque) chaque année, le plaisir de retrouver les bénévoles sur un parcours magnifique. D'autant plus que personne n'est perdant puisqu'une bière (de la brasserie locale Riviera beer) est offerte à chaque participant ! Bière très légère, parfaite pour un retour de course. Pour ma part, ce fut une épreuve tout en gestion à cause d'une petite rechute 10 jours plus tôt. Il faut dire que 3 jours avant le départ, je ne pensais même pas être capable de pouvoir être présent. Ajouté à cela le fait que mon dernier 12km en mode trail date ... d'avril. Autant dire qu'avec un tel niveau d'inpréparation je fut étonné de faire un chrono en 5'06 (contre 5'01 l'année précédente) et obtenir une très honorable 76/213 place.

Logo Cross Amnesty International

Le dimanche 10 décembre : la 40e édition de la boucle Garbejaire <-> Valbonne. 11km pour aider à défendre les droits de l'Homme avec Amnesty International (alternative de 4km possible). L'association proposera à cette occasion une collecte de chaussures de sport pour les réfugiés.

Logo course des pères noël

Samedi 16 décembre décembre, à peine le temps de récupérer, la course (déguisée) des pères (et mères Noël) dans le centre historique de Grasse au profit de l'association des chaussettes jaunes. Départ vers 17h.

NB: Un certificat médical est obligatoire pour chaque course chronométrée

Athlé Expliqué

Thursday, 06 April 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Il y a quelques jours, Nicolas Dayez m'a contacté pour écrire un article invité sur son site Athlé Expliqué. Il est, comme qui dirait, un mordu de course à pied depuis maintenant 10 ans. La performance appelle la performance et elle est devenue son objectif principal. Ainsi, on ne peut être qu'admiratif devant ses records personnels (toutes épreuves confondues), surtout quand on sait tout le travail qu'il faut abattre pour en arriver là :

  • 3'27 (34'30) sur 10km
  • 3'39 (1h14) sur semi-marathon
  • 3'48 (2h40) sur marathon

Il est clair que Nicolas est drogué à la course ! Avec des temps pareil, il est facile de prendre la grosse tête, d'être imbu de sa personne, pourtant il n'en est rien. Au contraire, Nicolas a mis en place son site/blog pour partager sa camepassion, quel que soit son niveau. Il décortique sous forme de fiche tous les aspects qui touchent de près ou de loin à son sport favori. Son expérience lui permet également de proposer des services de coaching (payant) pour booster ses performances (le coaching n'est qu'une activité secondaire).

Après avoir parcouru son blog, je me suis rendu compte que nous avions la même philosophie (mais pas les mêmes jambes !) de partage. J'ai donc tout naturellement accepté de rédiger un article sur le thème des courses solidaires, qui est désormais en ligne.

Courses de printemps 2023

Sunday, 02 April 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Toutes les bonnes choses ont une fin. Malheureusement, ce fut le cas pour La foulée des Baous, une course que j’appréciais particulièrement pour sa cause, sa bonne ambiance, la mobilisation de tout une village et son accessibilité au plus grand nombre. Il faut dire que mener un combat sur un temps long est difficile, d'autant plus quand le COVID passe par là. L'association Longo Trail qui avait repris le flambeau l'année dernière l'a transformée en Trail des Baous. Une épreuve plus difficile avec pas moins de 650m de dénivelé positif sur le parcours de 13km et 2400m sur celui de 42km... Ça fait partie de l'ADN du club, mais ne rentre pas dans mon cadre.

RoureTrail (du camp Romain)

Affiche trail du Rouret

Le dimanche 26 mars 2023 s'est déroulé la première édition du RoureTrail. Les trois formats (9km et 16km + rando 9km) proposent de monter jusqu'au camp Romain situé au dessus du village du Rouret. Les bénéfices serviront à financer du matériel et des sorties scolaires, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que la course est organisée par les parents d'élèves du Rouret. J'y suis allé pour découvrir le chemin jusqu'au camp et ce fut clairement une très belle surprise sur tous les points : le circuit offre une multitude de surfaces (goudron, pierres, sentiers), particulièrement sur le 9km qui est moins "caillouteux" et plus boisé. Les bénévoles sont présents tout au long du parcours, qui est de surcroît extrêmement bien balisé. La descente finale, légèrement technique, fut un vrai plaisir et, cerise sur le gâteau, la brasserie locale CraftAzur a offert une bière (Riviera Pale Ale) à tous les participants ! Même en tant que non amateur de bière, je l'ai trouvé très bonne, rafraîchissante, avec un bon goût de céréales et quasiment pas d'amertume. Une belle réussite donc pour cette première qui a attirée 307 coureurs + 200 enfants + les randonneurs + les joëlettes. Vivement l'année prochaine !

Ascension du col de Vence

Affiche ascension du col de Vence

Ce ne sera plus une surprise pour l'édition 2023, prévue le dimanche 7 mai : les 10km du col de Vence (12km au total) n'offrent aucun répit ! 6% de pente moyenne, soit 620m de dénivelé positif au total. Il faudra donc être en forme et fort dans la tête pour viser l'arrivée. Mais c'est pour la bonne cause puisque les bénéfices seront reversés à l'association France AVC 06.

Retour : Félicitation aux 255 partants (à peine plus que l'année dernière). D'autant plus que les conditions étaient bonnes : couvert, un peu frais, mais pas de pluie ! Pour ma part, j'ai dû déclarer forfait à cause d'une blessure...

Transpirer fait-il maigrir ?

Monday, 30 January 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Jordan Peele dans Key and Peele - Comedy Central

La réponse est simple : non

Il existe une injonction sociétale forte : il faut transpirer pour faire fondre la graisse ! On assiste ainsi à des situations aberrantes comme faire du sport dans un sauna ou emmitouflé dans des vêtements étanches. La raison ? Pour perdre du poids, il faut (entre autre) faire du sport, et quand on fait du sport, on transpire. Donc, plus on fait de sport, plus on transpire... Mais ça ne veut pas dire que quand on transpire on diminue sa masse graisseuse ! Et pour cause, si on regarde la composition de la sueur, il n'y principalement que de l'eau et des minéraux. C'est pourquoi, transpirer ne fait perdre que de la masse d'eau (qui sera rapidement récupérée). Au passage, une transpiration excessive pendant l'activité physique contribue à la déshydratation du corps, elle est donc néfaste.

Alors ça ne sert à rien de faire du sport pour perdre du poids ? Eh bien si ! La bonne question est pourquoi transpire-t-on ? La transpiration est un phénomène particulièrement développé par l'espèce humaine afin d'assurer la thermorégulation interne (elle peut également être induite par une source de stress). Autrement dit, elle permet de conserver une température interne d'environ 37°C, température optimale pour le bon fonctionnement des organes. Quand cette température augmente (chaleur extérieure, activité physique, fièvre...), le corps va se mettre à produire de la sueur pour évacuer l'excès de chaleur. Dans notre cas, lors d'un exercice physique, les muscles vont avoir besoin de sucre (glucose ici) pour effectuer des contractions. S'il n'y a plus de sucre rapide disponible (dans le sang), le corps va métaboliser ce sucre à partir des réserves de graisse. Cette consommation de sucre n'est pas neutre puisqu'elle produit de la chaleur, mais également de l'eau, du C02 et éventuellement de l'acide lactique. Vouloir transpirer à tout prix est donc contre productif, d'autant plus que la chaleur diminue les performances musculaires, et qui dit moins de performance, dit moins de sucre/graisse consommé.

Une autre idée contre-intuitive ou tout du moins très désagréable : pour perdre de la masse graisseuse, il faut avoir froid ! Car la transpiration n'est pas le seul phénomène de thermorégulation. Quand le corps se trouve dans un environnement froid, il va libérer des hormones pour augmenter le métabolisme global. Stimulées ainsi, les cellules vont consommer plus d'énergie, ce qui fait augmenter la température interne ! Il est donc préférable de pratiquer son activité en tenue relativement légère. On pourra toutefois protéger spécifiquement les extrémités (mains, oreilles, gorge, nez) qui se refroidissent plus vite.

À partir d'un certain niveau d'entraînement, le froid devient l'allier du sportif par un double phénomène de diminution de la chaleur interne permettant aux muscles de continuer leur effort à un niveau élevé (refroidissement externe) et en ayant un effet anesthésiant. Le premier paramètre définit la température optimale de l'activité, température qui dépend du type d'activité, du sexe, de l'âge et du niveau d'entraînement. Personnellement, pour de la course à pied, je suis passé de 18°C-20°C à 14°C-15°C au fil des années. Quant au deuxième, l'effet anesthésiant, il se trouve dans des températures encore plus basses (de l'ordre de 8°C pour moi). Si les premières minutes ne sont vraiment pas agréables, une fois que l'ensemble du corps est chaud (~5 minutes), on ne prête plus attention à la masse d'air que l'on transperce. Il faudra toutefois être vigilant à réaliser un échauffement préliminaire digne de ce nom (ou commencer très progressivement). En dessous de ~7°C, les muscles commencent à être tétanisés et la montée en température est beaucoup plus longue, ce qui induit une contre performance. Un muscle froid est rigide : moins performant, moins mobile, il amortit moins les chocs. Le risque de blessure est donc plus important. Il faut également ajouter qu'à ce niveau de température, l'air froid "brûle" les poumons. En réalité, les voies respiratoires se rétractent et s'irritent à cause du manque d'humidité. L'oxygénation est donc de moins bonne qualité. Quoi qu'il en soit, une fois la sortie terminée, il faut se débarrasser rapidement de ses vêtements humides (préférez les vêtements "techniques" à ceux en coton), et aller dans un endroit chaud et abrité, car la température du corps diminue rapidement. La température extérieure n'est pas le seul critère à prendre à en compte : il faudra adapter son équipement en fonction de l'intensité et du type de l'activité, du vent, de l'humidité, de l'ensoleillement, du terrain...

Aparté : Pour perdre du poids, l'idéal est de pratiquer une activité sur un temps long (1h à 3h) et à un niveau d'intensité compris entre 60% et 75% de ses capacités, soit entre le début et le milieu de sa zone d'effort. Le tout 2 à 3 fois par semaine minimum. Le niveau d'effort est surtout quelque chose que l'on ressent quand on est habitué à pratiquer. Il faut ajouter à cela un régime alimentaire correspondant à ses propres besoins énergétiques. Typiquement, il est inutile de manger trois carottes bouillies (ce qui n'est d'ailleurs plus recommandé), car un régime trop sec stresse le corps, qui fera par la suite le plus de réserve possible. Le gras (notamment végétal) en quantité raisonnable est conseillé. La seule chose à fuir ABSOLUMENT est le sucre, véritable poison des temps moderne (et notre mauvaise habitude de prendre systématiquement un dessert et/ou une boisson). Mais c'est une démarche qui reste très personnelle et qui devra être adaptée à chacun.

Histoire de sport

Monday, 31 October 2022
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Écrit par
Grégory Soutadé

Samedi soir, 22h30, l'alcool faisant son effet, les voisins braillent près de leur fenêtre. Nous sommes en automne heureusement, les fenêtres sont fermées. Malheureusement le bruit n'est pas complètement filtré. Pas très fort, mais je suis dans la phase critique d'endormissement. Si cela ne s'arrête pas d'ici 30 minutes, il faudra beaucoup de temps pour trouver le sommeil. Vers minuit le calme revient, énervé, il va se passer encore une petite heure avant de rejoindre Morphée. Pourquoi ce soir après des semaines de calme ? Pourquoi la veille de la plus grosse échéance de l'année ? La nuit n'a pas été très bonne, il a fait chaud (24°C en pic fin octobre !), je suis sorti plusieurs fois de mon sommeil. Déjà alerte, le réveil programmé à 6h45 n'aura pas le temps de se déclencher. Petite pesée matinale, simple curiosité. La balance affiche sournoisement un 66,6kg (ramené à 65,7kg en seconde pesée), j'ai pris un peu de poids... pas terrible. C'est au tour du chat de miauler frénétiquement. Peu enclin à lutter, il sortira plus tôt aujourd'hui. Le déjeuner se passe bien, j'avais tout préparé la veille. J'enfile mon t-shirt (édition 2018) et mon short. Au moment de serrer le nœud, celui-ci se déchire sur presque 10cm au niveau du cordon. On fera avec... Arrivée à Cannes vers 8h15, la circulation est fluide le dimanche matin, même au niveau du marché de Rocheville. Par chance la plupart des feux étaient au vert. Le ciel est voilé, il fait "chaud" (19°C/20°C), le vent est légèrement perceptible. Les conditions, sans être optimales, sont bonnes. Après avoir été fouillé, direction le stand pour récupérer le dossard. Les enceintes gueulent de partout, pas très agréable. Ah, il faut le bon de convocation. Je ne l'ai pas ... mais j'ai ma carte d'identité, changement de file. La personne en charge des demandes "spéciales" court partout, elle n'est pas très organisée. Finalement, je récupère la convocation sur mon téléphone, re changement de file. Dossard introuvable ! Je ne sais pas qui a buggué, le lien de téléchargement me renvoie la convocation de l'année dernière !!! Re re changement de file, départ dans moins de 15 minutes. C'est l'heure de prendre une barre et de commencer l'échauffement, tant pis pour l'échauffement. J'hésite à aller directement me ré inscrire, mais je n'ai pas mon certificat médical sur moi. Finalement je suis bien sur la liste, dossard 1041. Re re re changement de file pour récupérer mon sésame. Je le poinçonne moins délicatement qu'à l'habitude, pas le temps. Où est la consigne ? Il n'y en a pas me répond un bénévole, "vous devrez courir avec votre sac" ... (mais bien sûr !). Après plusieurs tractations infructueuses, le stand de l'AC Cannes accepte très gentiment que je le dépose (un grand merci à eux), il sera sans surveillance. Tant pis ! Il ne reste que 5 minutes avant le départ, échauffement express. Les 520 participants sont en train de se placer. Pas question de partir derrière, je me faufile jusqu'aux premiers rangs. Tiens, un collègue du travail ! On discute un peu, je commence à avoir soif. Il vise à peu près le même temps que moi (même si ça reste une course d'entraînement pour le semi de la semaine prochaine), chouet on va avoir mutuellement un point de repère. Le départ est donné à 9h pétante. Je m'élance un peu vite, histoire de se placer, avant de rapidement redescendre à mon rythme. Arf, je sens la barre qui flotte dans mon estomac, elle n'y restera pas très longtemps. Un train arrive en gare de Cannes, il actionne son klaxon en signe d'encouragement. Les 4 premiers kilomètres se passent sans difficulté malgré le tempo élevé. Vers les 4,5km/5km ça commence à devenir difficile, surtout au niveau du cardio. 5km : j'ai désormais 10 secondes d'avance sur le temps que je m'étais fixé. J'en avais espéré 20 à 25 afin d'absorber le probable ralentissement de la fin de course. Kilomètres 5, 6 et 7, j'oscille entre 7 et 9 secondes d'avance. C'est la partie la plus difficile, le cardio est à 100%, les jambes demandent à ralentir. Il ne faut surtout pas lâcher, il faut garder le rythme, "le rythme, le rythme". Je ne peux pas défaillir maintenant, pas après 1 an de préparation, pas après tous ces efforts, il faut tenir, au moins jusqu'au kilomètre 8. Je m'accroche au regard des coureurs sur la voie opposée pour me changer les idées. Mais jamais il arrive ce kilomètre 8 ??? C'est interminable, il fait chaud, les jambes sont molles, il faut vraiment se forcer pour les tirer. Je vois au loin les immeubles, la ligne d'arrivée est proche. Finalement, c'est le point de repère du kilomètre 8, enfin ! Plus que 9 minutes de course, il faut tenir encore un peu, j'ai un matelas suffisant pour y arriver. J'attends avec impatiente le point de bascule en légère descente du kilomètre 9. Je dépasse la 5e féminine. Il y a un concurrent avec 20m/30m d'avance, je suis sûr que je peux le doubler avant la fin. Le groupe qui était devant lui a déjà commencé à accélérer, je ne les reverrai plus. Ça y est, il y a le petit bâtiment de la SNCF, légère descente, on est au kilomètre 9. J'ai réussi à doubler mon vis-à-vis. Coup d'œil sur la montre, encore 8 secondes d'avance, hourra, sauf accident, je vais atteindre mon objectif ! Dernier kilomètre dans la zone rouge, 4'13 de sprint avec uniquement la ligne d'arrivée en point de mire. Je voulais absorber un maximum de temps pour passer officiellement sous la barre des 45'. La montre affiche un léger décalage à l'arrivée, je la bloque à 9,99km, la réactive et la désactive de nouveau pour être sûr qu'elle enregistre bien un 10km, cela fausse un peu les stats. Pas grave, j'ai de la marge. Je comate légèrement penché sur la barrière en essayant de retrouver mon souffle. Le suivant me double, il a 7 secondes de retard. Mon collègue n'était pas préparé spécifiquement pour le 10km et a un peu lâché aux 6km, mais il arrive quand même moins de 2 minutes plus tard. On discute un peu, je récupère mon sac (encore merci), c'est l'heure de rentrer. On ne peut pas sortir par l'entrée (!!!), il faut donc faire le tour. Au passage, je croise David Lisnard qui vient pour la remise des récompenses. Il n'a pas participé cette année (pourtant le marathon est dans une semaine). Un petit salut et direction le parking. Il faut monter deux étages, j'ai des crampes ! Obligé de m'arrêter pour ventiler. Le retour se fera sans encombres, ce qui était loin d'être gagné vu tous les signes négatifs envoyés.

C'est dans la nature de l'Homme d'en vouloir toujours plus : plus de richesses, plus de pouvoir, plus de biens, plus de terres, être plus fort, aller plus loin, plus vite. Je confesse ne pas y échapper : mon objectif était de réaliser moins de 45' sur 10km. Mais finalement, à quoi ça sert de vouloir aller toujours plus vite ? Et bien, ça ne sert à rien ! Pour la vie de tous les jours, Il n'y a aucune utilité à courir aussi rapidement une distance relativement courte. D'autant plus qu'il faut des conditions et un équipement particulier. Pourtant, ce qui est important n'est pas tant le but que le chemin parcouru. Il y a quatre ans (en 2018), j'ai pris conscience que cette barre des 45' était atteignable. Jusqu'alors je l'avais dans un coin de la tête sans vraiment y prêter attention car j'en étais habituellement assez loin. Ce jour là, j'échouais pour 25 secondes... L'année suivante, trop tendu, je me suis bloqué le dos les jours précédents (problème de sciatique). Puis, le confinement fut déclaré pour l'édition 2020. Dans la foulée je me faisais une grosse entorse de la cheville. Ce fut clairement un tournant, positif pour certains aspects. J'ai dû en effet revoir mes plans d'entraînement et réduire la voilure sur la partie "trail" : plus de plat et de cardio (pour la rééducation). La préparation courte et les conditions moyennes de course (vent fort) ont rendu l'édition 2021 très agréable car aucune pression de résultat. Avec ce retour d'expérience, j'ai ré orienté ma préparation estivale 2022 uniquement pour Odyssea, avec une intensification en septembre/octobre, notamment en mettant (temporairement) de côté le tag. C'est donc tout ce travail, ces petits sacrifices hebdomadaires (surtout les jours où on n'a clairement pas envie) qui ont payé le jour J. Ce qui rend la performance encore plus remarquable est le fait que j'étais dans l'incertitude avant le départ car je n'ai jamais tenu cette cadence. Selon mon plan, j'estimais que si j'arrivais à boucler un 10km sur mon circuit d’entraînement (plat/terre battue) avec une allure moyenne comprise entre 4'45 et 4'40, je devrais pouvoir réaliser 4'30 sur goudron. Avec un 4'38, puis un 4'36 une semaine avant Odyssea, je savais que j'étais sur la bonne trajectoire. Mais encore fallait-il confirmer ! D'autant plus qu'il n'y a qu'une édition par an et qu'avec les années, ma capacité à aller vite va diminuer. C'est un petit peu la même chose pour nos agriculteurs qui travaillent toute l'année et dont les récoltes peuvent être détruites en quelques heures. La recherche de performance implique une capacité de travail, de sacrifices, la nécessité de surveiller son alimentation (sans forcement s'imposer des privations), d'avoir une bonne hygiène de vie tout au long de l'année, d'arriver à dépasser ses limites. Le plus pénible étant l'endurance face à la souffrance : en prenant le départ, on sait que ça va être difficile, qu'il faudra être à 100% de son effort jusqu'à la fin. On pourrait faire un parallèle avec la vie : être capable de traverser les tempêtes en courbant le dos et en sortir plus fort. Travailler dur pour atteindre ses objectifs. Parallèle qui atteint vite ses limites. Le sport reste une activité physique et le physique est quelque chose de très rationnel. En suivant un plan d’entraînement adéquat, on peut atteindre beaucoup d'objectifs. Particulièrement dans la course à pied qui est un sport sans intelligence (mais qui permet de gagner du physique). Sans pratiquer, on n'imagine pas à quel point il est possible d'arriver loin dans les performances avec du travail, à quel point notre corps regorge de ressources cachées. La vie quant à elle recèle de beaucoup plus d'impondérables, de plafonds de verre et de situations difficiles à gérer. C'est une source de motivation que j'utilise particulièrement sur Odyssea : quand le cardio est à fond, que les jambes ont du mal à maintenir le rythme imposé par la tête, le corps est en souffrance. Pourtant, cette souffrance est bien dérisoire face à une chimio. Pour moi, ce sera terminé dans 20', dans 9', dans 5', pas dans 2/3/6/9 mois de traitement, et sans risque de rechute... Le sport aide à maintenir son corps en bon forme physique et permet de réduire les affections médicales (c'est ce que je ressens en tout cas), surtout dans un monde sédentaire. Il fait partie intégrante d'un équilibre de vie, nécessaire même. Sortir, se changer les idées, respirer, être dans la nature, apprendre à écouter et connaître son corps. Le côté obscur étant qu'il devient addictif quand on acquiert un niveau correct, ce qui nous pousse à se donner des objectifs toujours plus importants. C'est pourquoi il ne faut pas oublier que les sacrifices concédés (particulièrement à l'approche des compétitions) se font en général au détriment de l'entourage proche. Il faut donc veiller à trouver le bon équilibre entre recherche de performance et vie sociale.