Guerilla Poubelle
Au début étaient Les Betteraves, un groupe d'ado jouant un punk festif et déjanté qui naquit en 1999. Au travers de leur concerts partout en France, ils acquirent une certaine notoriété sur la scène underground française. 4 ans plus tard, les Betteraves se séparent après un concert d'adieu (face B de "Vide-ordures et Sabordage"). Till et Kojack se retrouvent pour fonder Guerilla Poubelle. Certains y voient un simple changement de nom, pourtant l'objectif et les moyens sont complètement différents. Guerilla Poubelle (GxP) est un groupe politisé, le punk y est plus dur et engagé. Cette politisation se retrouve aussi dans Guerilla Asso, le label crée dans la foulée pour promouvoir le punk indépendant. Guerilla comme Les Betteraves ont toujours fixé le prix des concerts et des albums (5€ et 10€) afin que la musique soit accessible au plus grand nombre. Leur premier morceau est d'ailleurs une reprise de "Zwibir" (face A de "Vide-ordures et Sabordage") où le style tranche franchement avec celui des Betteraves.
Il faut repeindre le monde ... en noir (2005)
Pour ses deux ans, Guerilla fait simple : guitare/chant, basse, batterie. Ils ne vont pas chercher dans les mélodies profondes (du punk quoi), mais ont quand même gardé l'énergie des Betteraves pour poser sur des textes révoltés. Tout commence avec un moyen "Si Jamais". Des morceaux avaient déjà fuités sur les premières démos comme "Demain Il Pleut". Sur la même lancée "Sur le trottoir" développe une sacrée énergie. S'ensuit la révolte anti américaine avec "J'ai perdu mes mains". Après une petite pause accoustisque, on repart sur "Le pendu" qui avait lui aussi fuité, pour enchaîner sur un excellent "Comme un sourrire". Finalement on comprend la genèse de Guerilla Poubelle avec "Culture Poubelle". Le morceau suivant est un peu brouillon. Malgré un début difficile "Mort à l'hôpital" est vraiment excellente. "Exception Culturelle & Trafic D'Armes" est probablement le meilleur titre de l'album. Si la suivante n'est qu'une suite de larsens, ils se rattrapent avec "Tout est niais". Le dernier titre intéressant est "La mort douce".
Punk = Existentialisme (2007)
En 2007, Guerilla remet ça avec "Punk = Existentialisme". Les critiques sont assez mauvaises. Personnellement, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout quand je l'ai reçu et il est resté longtemps sur une étagère... Le CD est assorti d'un DVD contenant un documentaire sur la tournée de Guerilla. Le punk est un art difficile car il n'y a pas beaucoup de composantes musicale. Du coup, si une d'entre elle fait défaut, c'est tout l'album qui en pâtie. Musicalement, cet opus est réussit, surtout pour ses parties de basses vraiment sympa, mais, côté chant, ça ne passe pas du tout. Till tente de faire passer ses textes en force et perd au passage toute l'énergie développée par ses acolytes. Pourtant, les deux premiers morceaux sont prometteurs. Le soutient de Justin(e) pour "Dans la diagonale" apporte une bouffée d'air, contrairement au dernier titre qui termine l'album sur une très mauvaise note. Le morceau le plus réussit reste "Être une femme" qui faisait partie des premiers titres enregistrés par Guerilla et ré enregistré pour l'occasion (l'originale est plus brut de décoffrage et a ma préférence). Le reste est assez lourd à l'oreille même s'il y a plein de bonnes choses sur la partie musicale pure.
Amor Fati (2013)
Après une période un peu creuse et pour fêter les 10 ans du label, GxP semble avoir retrouvé son énergie originelle avec "Amor Fati". La voix a mûrie, comme le groupe, amputé de Kojack et Jokoko. Pour son deuxième titre, Marx met le feu avant de nous servir un excellent "Nulle part c'est chez moi". Petite pause par "Les rats quittent le navire", avant d'enchainer sur un très bon Martin Luther King (qui propose même un interlude musical !). Till déverse sa rage sur "Pire père" aux allures plus ska que punk. Les deux suivantes sont sympa. Ambiance spatiale pour "Présent composé". On ne peut pas se passer du titre incompréhensible qui consiste simple à se défouler au chant. Les morceaux suivants sont classiques mais tout de même agréables. "Prévert, Kosma, Paris" moins agressive vient clôturer l'album de la meilleure des façons possibles. Elle tourne et tourne dans la tête encore après l'écoute.
Les Betteraves comme Guerilla écrivent toutes leur paroles en Français, fait rare pour un groupe de punk. On peut ne pas aimer leur style simple (et percutant ?), il n'en reste pas moins que GxP est une des (rares) références du punk français aussi bien sur scène que dans la vie associative. Cette réputation est loin d'être immérité à la vue de ce qu'ils produisent et, malgré les tumultes inhérents à tout groupe de musique, ils sont encore là et je l'espère pour longtemps !