Adieu les cons
J'étais assez dubitatif lorsqu'Albert Dupontel (ici scénariste, acteur et réalisateur) a sorti Adieu les cons l'année dernière. À priori, un film dans lequel Virginie Effira (alias Suze), atteint d'une maladie auto immune à l'âge de 43 ans décide d'utiliser le peu de temps qui lui reste à vivre pour rechercher l'enfant qu'elle a accouché sous X 15 ans plus tôt, n'est pas forcément ma tasse de thé. D'autant plus que la bande annonce montre des passages assez simplistes.
Pourtant ce film est un véritable petit bijou, tant sur le fond que sur la forme. Les mauvaises langues diront qu'il n'y a pas eu de concurrence réelle, mais les 7 Césars reçus (sur 13 nominations) sont largement mérités ! Albert Dupontel déclarait dans Passage des arts qu'il ne "faisait qu'enfoncer des portes ouvertes". C'est exact si on s'en tient au squelette de l'action. Néanmoins, le développement qui est fait autour de ce squelette est tout simplement extraordinaire avec énormément de poésie, de justesse et d'harmonie dans le jeu des acteurs principaux comme secondaires, avec un déroulement authentique, qui ne tente pas de prendre de raccourcis, qui laisse l'histoire se décanter, se construire pour amener à une charge émotionnelle forte sans jamais tomber dans la niaiserie. Pour supporter son propos, l'auteur ajoute régulièrement des éléments comiques qui viennent sublimer l'action sans prendre le pas sur celle-ci (contrairement à ce que suggère la bande annonce). Tous ces éléments permettent de faire oublier les quelques parties extraordinaires du personnage principal incarné par Dupontel, qui relèvent plus du conte moderne. Et que dire de la réalisation ? Sublime. Que ce soit dans le cadrage, toujours juste, l'utilisation judicieuse des effets spéciaux, l'esthétique qui est juste extraordinaire, avec un immense travail sur la photo (Surtout que beaucoup de plans se déroulent de nuit où on retrouve tout un panel de couleurs chaudes).
Mon dernier coup de cœur cinéma date de 2009 avec Parasite. Dans un autre registre Adieu les cons est à sa hauteur et j'encourage fortement les spectateurs à profiter de la réouverture des salles pour foncer voir ce (pas si) long métrage (1h27) pendant qu'il est encore à l'affiche !