Dorothy

Wednesday, 11 January 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Groupe Dorothy en concert

Sur la scène rock, peu de chanteuses sortent du lot. Non pas que le nombre de groupes avec une figure féminine en proue ne soit pas important, mais le résultat est souvent décevant. Dorothy Martin fait partie de ces rares élues qui, en plus d'avoir une voix extraordinaire, possède un physique tout à fait avantageux. Autant de points forts qui lui permettent de nommer son groupe avec son propre prénom ! Néanmoins, il faudra des musiciens pour habiller sa voix. C'est ainsi qu'est fondé le groupe en 2013 avec Mark Jackson (guitare), Gregg Cash (basse) et Zac Morris (batterie) qui tombent immédiatement sous le charme de la jeune femme. Ces derniers apportent la partie rock, à la fois old school de part les riffs mis en avant, et très moderne avec des distorsions faisant penser à des samples, ainsi que des coups de basses bien sentis !

Pochette de Rockisdead

Après un premier EP (éponyme !), sort en 2016 l'album Rockisdead. Il mériterait clairement d'intégrer le top 10 des meilleurs albums rock de la décennie ! D'ailleurs, il a été classé 5e sur le US Top Hard Rock Albums de Billboard. Bien que de nombreux titres ou extraits ont été intégrés à des publicités, séries et jeux vidéos, il n'a jamais connu le succès qu'il mérite, sur place ou à l'étranger. D'ailleurs, Dorothy se cantonne principalement au sol Américain (ce qui est déjà beaucoup). Peut-être est-ce dû à leur label Roc Nation, le mastodonte fondé par Jay-Z, qui ne pousse pas assez fort ses "petits" artistes ? Dorothy sort clairement du cadre et n'est pas forcément suffisamment "bankable" pour partir à la conquête du monde. Pour autant, de nombreux clips ont été réalisés, parmi lesquels Dark Nights est le plus drôle. Le plus abouti étant Raise Hell (qui n'en oublie pas le côté décalé). Mais le meilleur titre de l'album, Gun In My Hand, restera en version audio uniquement (ce qui n'est pas forcément plus mal).

Six mois plus tard, il y a le feu dans la maison, le groupe se "dissout". Début 2017 il ne restera que Dorothy, accompagnée d'un nouveau staff (dont un second guitariste) pour commencer "une nouvelle aventure". Malgré la bonne promesse du single Down To The Bottom (créée pour Forza 4, excusez du peu !), le groupe a perdu toute l'énergie de ses débuts et ne produira plus rien d'intéressant... Avec 28 Days In The Valley (2018), il y a clairement eu un virage pop/rock dû à la nouvelle formation (peut-être un peu plus réconfortante pour la chanteuse), ainsi qu'à la nouvelle productrice Linda Perry, également co-autrice de la plupart des titres (ce qui était également le cas pour Rrockisdead avec les deux producteurs et co-auteurs Mark Jackson et Ian Scott). Il est intéressant de noter l'implication des producteurs, qui ne sont pas seulement présents pour financer, mais qui participent activement à la conception comme membre à part entière. La Diva est désormais traitée comme une pop star avec des clips flashy, des thèmes beaucoup moins subversifs et un son très lissé. On retrouvera un son un peu plus agressif sur Gifts from the Holy Ghost (2022), particulièrement sur les introductions qui sont très intéressantes, mais dès qu'intervient le refrain, les arrangements redeviennent très "commerciaux". Ce qui tranche avec les concerts qui sont beaucoup plus énergiques.

Deux reprises sont disponibles en bonus : No Church In The Wild (de Jay-Z et Kanye West) avec des influences métal délicieuses, ainsi qu'un I Put A Spell On You qui rendrait terriblement jalouse Nina Simone !

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais il arrive parfois d'avoir de très bonnes surprises, quelques petits cadeaux laissés par la vie. Et quelle claque reçue avec la reprise "unplugged" de What's Coming To Me, enregistrée pour une interview de Matt Pinfield. Débarrassée de toutes fioritures, libérée, Dorothy laisse éclater toute la puissance de sa voix, la partie instrumentale n'étant qu'un léger support (rythmique). Il y a quelque chose d'à la fois vibrant et magnétique quand on la regarde chanter ainsi, un frisson qui parcourt la peau dès les premières paroles. Un plaisir qui montre crescendo, jusqu'à l'explosion finale. Elle se permet même d'écraser les chœurs pour prolonger ce plaisir jusqu'au bout. Trois couplets durant lesquels on se délecte de toute sa palette vocale et de ses infinies variations. C'est toute la magie des versions acoustiques : avoir une partie instrumentale plus sobre, comme lors des concerts, tout en bénéficiant de la qualité audio du studio, le tout en live ! Rest In Peace fut également jouée. Le résultat est pas mal du tout, bien qu'un peut en dessous (mais le morceau se prête moins aux envolées lyriques).

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