La Poste et moi

Monday, 21 October 2024
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Écrit par
Grégory Soutadé

La Poste d'Espelette

On a tous une histoire avec La Poste, notamment les personnes qui ont connu l'entité en tant qu'organisme d'État. Il faut dire que le facteur est une personne qui nous connaît par procuration, via les courriers et les colis que l'on reçoit et qu'il délivre de par sa tournée. Il reste pourtant souvent dans l'ombre de nos boîte aux lettres. Si, dans l'inconscient collectif, le groupe a une réputation plutôt moyenne, je dois dire que personnellement, et en dehors des périodes estivales, je n'ai de mémoire jamais eu de problème de livraison. Au contraire, le facteur arrive même à compléter les éléments parfois manquants de l'adresse, et ça, c'est quand même vachement bien !

Pourtant, tout n'est pas rose. Particulièrement quand on discute avec celles et ceux qui ont travaillé pour le groupe avant le changement de statut. Mais également avec la plupart des personnes du service publique qui ont connu une période dorée jusque dans les années 1990/2000. C'est d'ailleurs en 1991 que les PTT sont séparés de France Telecom pour devenir La Poste, alors une entreprise publique autonome. Cette transformation est l'application d'une directive très libérale Européenne visant à supprimer les monopoles d'État (pour ouvrir les marchés à la concurrence). Deux an plus tard (novembre 1993) voit la ratification du traité de Maastricht qui transforme la Communauté Européenne en Union Européenne, telle que nous la connaissons aujourd'hui.

La deuxième étape majeure pour le groupe intervient en 2010 avec la création d'une Société Anonyme en lieu et place de l'entreprise publique autonome. Si l'aspect financier et rentabilité se retrouvent sous le feu des marchés, l'aspect politique reste inchangé puisque la société nouvellement créée est détenue à 66% par la Caisse des dépôts et consignations et à 34% par l'État Français. Du fait de son statut d'entreprise privée, le groupe se doit donc, à minima, de trouver un point d'équilibre financier. Pas évident dans un monde en transformation constante et rapide. Notamment quand son statut de service publique lui a offert une arme à double tranchant : un maillage territorial important, donc une masse salariale importante. Ce maillage permet pourtant de délivrer des services locaux qu'aucune autre entreprise ne serait en mesure de créer sur le court terme. Pourtant, il a tendance à disparaître dans les zones peu rentables. Les services postaux et associés y sont peu à peu confiés à l'administration (via les bureaux de mairie) ou à des sociétés locales (bar, commerce...).

Pour faire rentrer de l'argent, La Poste n'a donc d'autres choix que la diversification. Le groupe, via ses multiples filiales, est aujourd'hui un monstre présent un peu partout : livraison de courrier, livraison de colis (Collisimo, Chronopost, DPD), Immobilier, Finance (La Banque Postal), Prévoyance, Assurance, Bourse (EasyBourse), Telecom (La Poste Mobile), Cinéma, Numérique (Docaposte). Dans le numérique, elle se paie même le luxe de racheter le logiciel Pronote et la plateforme KissKissBankBank. Il faut reconnaître que cette stratégie semble fonctionner puisque depuis 2004 (alors que le nombre d'entités est en croissance), le groupe a toujours été bénéficiaire. La crise du COVID lui a même permis de doubler son résultat net à plus de 2 milliards d'euros ! Pourtant, à partir de 2019, et malgré une réduction des effectifs de 30% depuis 2004, la dette du groupe n'a cessé d'augmenter passant de ~3/4 milliards à plus de 10 milliards d'euros en 2022 ! Le conseil d'administration semble être devenu accro à l'endettement, ce qui ne présage rien de bon pour la suite.

La Poste a donc besoin de se ré inventer constamment pour rester en vie. En ce qui concerne son cœur de métier (courrier - colis), elle propose des services assez innovants, mais pas forcément très bien mis en avant.

  • Le premier qui permet de gagner en temps de livraison tout en diminuant la pollution est l'impression à distance. L'idée est de faire imprimer le courrier par l'agence postale la plus proche du destinataire. La confidentialité en prend pour son compte, mais l'efficacité est de mise !

  • Le second est la possibilité d'imprimer à la maison son bon de livraison, de le coller sur son colis et de le mettre dans sa boîte aux lettres. Le facteur se chargera de le récupérer le lendemain et de le déposer lui même au bureau de poste. Ce qui évite les files d'attente et/ou le fait de devoir se déplacer dans un bureau dont les horaires ne nous conviennent pas forcément (notamment quand ils sont tenu par des agents de mairie). Attention cependant, le colis ne sera pris en charge pour le transport que le lendemain du dépôt au bureau (donc J+2 par rapport à l'impression de l'étiquette).

  • Dans la même veine, on peut désormais imprimer ses timbres numériques, même si La Poste continue de vendre toute une collection de timbres originaux (ou classiques).

  • Pour augmenter ses marges, la société met également en vente des cartons de taille diverses et variées dans ses agences.

Tout n'est donc pas parfait avec cette entreprise qu'au fond on aime bien (et donc que l'on châtie bien), mais il faut savoir reconnaître et mettre en valeur les bons aspects quand ils existent. Ce que les Français ont beaucoup de mal à faire !

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