Histoire de sport (2)

Sunday, 16 November 2025
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Écrit par
Grégory Soutadé

Les années se suivent, mais se ressemblent pas forcément. Odysséa reste pour moi un objectif majeur dans mon calendrier. Tout d'abord parce que c'est une course qui me tient énormément à cœur (ou à sein !) et à laquelle je participe (même blessé) depuis 2014. Mais aussi parce que c'est le seul 10km plat et goudronné de ma saison. C'est donc un circuit parfait pour performer, même s'il demande une préparation spécifique comparativement aux trails auxquels je participe le reste du temps. Il est difficile de se l'imaginer, mais c'est très agréable d'avoir un niveau d'effort à la fois maximal (>=90%) et régulier sur toute la course.

Longtemps, je m'étais fixé la barre des 45 minutes au 10km. J'ai passé cette barre en 2022. Les années suivantes ont été plus compliquées à gérer et je ne pensais pas pouvoir à nouveau la tutoyer. Bien heureusement, à un mois de la course, mes performances à l'entraînement étaient vraiment très satisfaisantes, au dessus de mon année de référence. J'ai d'ailleurs réussi en septembre un défi personnel que j'avais en tête depuis longtemps : le pic de Nore (20km, 1000m de dénivelé positif, 2h06). La trajectoire de montée en puissance était maîtrisée. Il faudrait travailler au moins 2 séances en fractionné pour être au top.

Un des éléments qui amplifie la bonne forme du moment est le matériel. Depuis le début d'année, j'avais remarqué que mes chaussures me "cisaillaient" le tendon d'Achile droit (et pas le gauche). Une des premières améliorations a été l'achat de chaussettes renforcées (et qui compressent le pied), ainsi que d'utiliser le dernier trou disponible pour lacet mes chaussures. Finalement, lors de ma rotation annuelle, j'ai décidé de changer de marque et d'abandonner mes chères ASICS Kayano car le nouveau format ffblast+ emprisonne trop ma cheville et provoque cette irritation. Après de nombreux essais chez Rrunning Cycle Passion, je me suis tourné vers des Brooks Glycerin GTS, le seul modèle dans lequel je me suis senti bien. Elles ont moins d'amorti mais, dès mes premiers entraînements, j'ai noté une nette amélioration de mes performances.

Malgré tout, depuis plusieurs semaines, je sentais que mon corps était fatigué et mes quadriceps douloureux. Après une longue journée d'effort sous le soleil, ma gorge a commencé à me piquer le samedi soir, plus intensément le dimanche où le verdict est tombé : j'étais malade. J'ai d'abord pensé à un rhume (ce serait fini dans quelques jours), il s'agira en fin de compte du COVID (variant Frankenstein). Une semaine complète de repos... Cette pause forcée a eu le bon goût de réduire les douleurs musculaires.

À 3 semaines de l'échéance, reprise l'entraînement malgré la fatigue musculaire importante et une capacité respiratoire largement diminuée. Chaque sortie était longue et difficile, avec des chronos peu probants. Mais il fallait s'accrocher pour garder au maximum le tonus musculaire acquis lors de la préparation. Au bout de 2 semaines, mon état s'est amélioré et j'ai pu retrouver 95% de ma capacité respiratoire. Finalement, les 2 derniers entraînements ont été satisfaisants, notamment le dernier en 4'41 avec du dénivelé (équivalent à un 4'38 sans). À effort équivalent, le parcours goudronné me permet de gagner ~10s, la cible des 4'30 pour Odysséa était donc atteignable. Juste avant de tomber malade, j'avais même confiance dans les 4'25 !

Et puis, il y a eu les mauvaises nuits à cause d'un voisin irrespectueux (ce n'est pas le même que la dernière fois, il est pire...). Après le repas du vendredi soir, j'ai fait une mini intoxication alimentaire. Le samedi, fatigue oblige, j'ai commencé à tomber légèrement malade (gorge qui gratte). Le dimanche matin (encore réveillé à 5h ...), toujours quelques éternuements et le ventre patraque. Point positif : 65,5kg sur la balance. J'avais peur d'avoir trop pris durant ces dernières semaines où je ne me suis pas restreint, j'ai finalement mon poids idéal.

Une fois arrivé sur Cannes, la météo était mitigée : légèrement couvert et ~15°C (plutôt positif), mais beaucoup de vent.

Heureusement, j'ai pour moi la force de l'habitude. Je connais mon corps et j'ai une routine bien rodée pour gérer les courses. Le cachet du matin a permis de stabiliser le ventre. Mon corps répond bien à l'échauffement. Vu ces dernières semaines difficiles et les conditions non optimales, peu m'importe ce qu'il va arriver, je vais tenter de me caler sur une allure de 4'25, on verra bien.

Cette année, l'organisation a fait dans l'originalité pour le parcours avec notamment un changement de lieu de départ : une première boucle de 3km, puis le parcours est étendu pour une seconde boucle de 7km. Seul bémol : on se sent vraiment à l'étroit, coincé entre le bord de la route et les barrières centrales. Il faut donc se positionner devant dès le départ pour éviter les bouchons ! Heureusement, l'accès au circuit est plus ouvert que lors des éditions précédentes, on n'est plus cloîtré dans le village comme avant.

La première boucle se passe bien, j'ai même 3 secondes d'avance sur les 4'25. Puis vient la première partie de la seconde boucle. Elle est interminable, faux plat montant avec un fort vent de face (notamment sur les 2 premiers kilomètres), qui ne se calme que rarement. J'ai décidé de maintenir mon effort, mais pas mon allure, pour ne pas perdre trop d'énergie. Et ça se ressent sur les temps de passage : 4'38, 4'40, 4'33, 4'33. À 3 kilomètres de l'arrivée, j'ai encore 5 secondes de retard sur mon désormais nouvel objectif : 4'30. Je ne retourne à l'équilibre qu'au kilomètre 8.

Dans ma tête, j'ai encore 10 secondes de retard, alors je lâche les chevaux plus tôt que prévu. Jusqu'à présent, je n'étais pas en souffrance, mais les 2 derniers kilomètres vont être vraiment difficiles. Je ne me concentre que sur ma course, qu'importe si je dépasse ou si je suis dépassé. J'ai une allure moyenne de 4'20 jusqu'à l'avant dernière virage, celui qui nous ramène sur le port à 300m de l'arrivée, pour finir sur la ligne en sprint à 3'48.

La récupération est un peu longue car j'ai vraiment tiré sur le cœur à la fin, mais j'ai le plaisir de discuter avec un "collègue" de course à qui j'ai servi de lièvre. Même si techniquement j'ai fait moins bien qu'il y a 3 ans au 10km : 44'35 au lieu de 44'34, je suis largement satisfait car j'étais plus fort et, sans le vent, j'aurais pu atteindre mon objectif des 4'25. En conclusion, le plus important reste de se donner à fond pour une bonne cause et progresser constamment en tant qu'être humain malgré les obstacles sur notre chemin. Je peux rentrer l'esprit léger, surtout qu'il y a un flan pâtissier qui m'attend à la maison !

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