Europe : je t'aime, moi non plus
Contrairement à ce qu'annoncent tous les médias, les élections Européennes n'ont pas été un ras de marrée, ni un séisme, simplement la confirmation que, d'une part nous vivons une période difficile (via le vote Front National) et que, d'autre part, les gens ne savent pas ce qu'est l'Europe (57% d'abstention). Apparement, on ne nous a pas assez expliqué ce qu'était l'Europe et pourquoi il était important de voter.
Qu'est ce que l'Europe ?
L'union Européenne pour être précis est une confédération d'états. Pour simplifier, il s'agit de 28 pays proches géographiquement qui se sont unis pour se développer ensemble. L'Europe est présente dans tous les domaines : politique, économique, monétaire, agricole, industriel, culturel, scientifique, militaire...
Comment ça marche ?
Le développement commun passe par le vote de lois au niveau Européen qui sont directement ou indirectement applicables dans chaque pays, mais aussi par le vote de budgets affectés aux différents programmes culturels, scientifiques, agricoles... Ces lois sont proposées par la commission Européenne à Bruxelle (équivalent du gouvernement) puis votées au parlement Européen de Strasbourg. Les députés du parlement sont en nombre plus ou moins proportionnel avec la population du pays d'origine. Il y a environ 750 députés, élus pendant 5 ans, pour représenter les quelques 500 millions d'Européens.
L'Europe ça ne me concerne pas
Qu'on le veuille ou non, nous sommes Européens. L'union Européenne est partout, il n'y a qu'à voir le logo CE sur les produits que nous achetons, les aides et projets venant de l'Europe, les restrictions agro-alimentaires imposés aux agriculteurs, les normes requises pour construire un bâtiment... Beaucoup de nos lois ne sont que l'application de directives venant de Bruxelle.
L'Europe c'est mal
L'Europe est une entreprise humaine, donc par définition imparfaite. Elle essaie de mettre en place une politique commune pour des pays historiquement liés et pourtant avec des cultures parfois très différentes. C'est toute la différence avec les États-Unis qui ont en commun histoire, langue, monnaie et culture, ce qui facilite bien des choses. Bien sûr qu'il y a des ratés, des milliards qui sont jetés par la fenêtre, des erreurs de casting, des lois absurdes... Sans parler de toute la lourdeur administrative que tout cela requiert. Mais il y a aussi les avantages de la volonté d'unification : les normes (quand elles sont bénéfiques), la monnaie, la libre circulation des personnes et des biens... Il n'y a pas plus d'erreurs au niveau Européen qu'au niveau national. L'Europe est financée par les plus riches ? C'est scandaleux ? Pourtant il s'agit du même système que pour l'assurance maladie ou les impôts...
Le franc c'était mieux
L'euro a été crée pour être une monnaie stable, ce qui empêche de jouer sur le montant de la dette en créant des liquidités à foison et donc devrait responsabiliser les états sur la gestion de leur budget. On ne peut pas vivre éternellement à crédit, c'est une fuite en avant que les politiques essaient de compenser par la croissance supposée. Mais il ne faut pas imputer à l'euro l'augmentation du coût de la vie (sauf lors du passage à l'euro qui a vu les prix arrondis à la hausse, mais pas les salaires...) qui est la combinaison de l'inflation naturelle induite par le système capitaliste et de la situation économique et politique actuelle. C'est pour cela qu'on ne peut comparer tels quels les prix actuels (en euro) avec ceux d'il y a quinze ans (en francs). Les économistes parlent souvent en monnaie constante.
Mon plombier est Polonais et ma voiture Roumaine
Le problème est plus complexe que la simple ouverture des frontières. Il mélange trois facteurs :
- Le consommateur veut des produits les moins chers possible
- La concurrence internationale (et la croissance interne) oblige à réduire les coûts de fabrication quitte à réduire la qualité
- Les entreprises veulent réaliser un maximum de marge, donc délocalisent (même des sites rentables)
Les mots clés sont capitalisme (le marché donne la direction) et société de consommation (posséder des biens). C'est donc cette entente tacite entre les consommateurs et l'industrie qui amène depuis 50 ans la désindustrialisation de la France. Exemple : Vico était leader des chips sur le marché Français, pourtant la plupart des personnes achètent les américaines de Lay's (ou pire) moins cher, mais moins bon. La tendance politique et sociale s'inverse depuis quelques années, particulièrement avec l'arrivée du gouvernement socialiste, même si le ministre concerné est passablement ridicule dans chacune de ses interventions : on essaie de ramener nos usines en France, de retrouver notre savoir faire. Cela va de paire avec le mouvement écologique qui veut que l'on consomme des produits locaux et le mouvement bio qui veut que l'on mange de manière plus saine, donc avec des produits frais de NOS agriculteurs et pas des légumes espagnols qui auraient mûris pendant le voyage.
Les politiques sont tous pourris
Le pouvoir change les hommes (et les femmes), c'est un fait. Mais il ne faut pas oublier que les médias ne couvrent que la politique sensation, les combats de coqs et les déclarations minables de ceux qui sont le plus en vue. Bref, on aime bien s'auto flageller en oubliant de souligner le travail accompli au jour le jour par une grande partie de la classe politique.
Je ne connais pas les personnes pour qui je vote
C'est exact, car le vote est une délégation de pouvoir. On élit (pour ceux qui vont voter...) un représentant sans l'avoir jamais rencontré, sans connaître son passé. On ne peut qu'espérer qu'il fera de son mieux et ira dans la direction que l'on souhaite mais, particulièrement au niveau Européen, on ne peut pas avoir de contrôle sur ce qu'il va faire ou non. Le problème est le même pour les autres élections : un maire, un député, un président...
Conclusion
La conclusion de tout ce blabla ? Il faut aller voter ! Qu'on aime l'Europe ou qu'on la déteste, le seul moyen de se faire entendre est de choisir une liste qui sera la plus proche de nos idées. Ça ne sert à rien de gueuler à tout bout de champs si on ne dit rien le jour où on nous le demande !