Entorse de la cheville, que faire ?

Saturday, 09 October 2021
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Écrit par
Grégory Soutadé

Il y a un an, je me faisais une entorse de la cheville avec rupture ligamentaire suite à une chute en forêt. Voici un petit retour d'expérience personnel.

Prévenir

"Un accident n'arrive jamais par hasard". Il est la plupart du temps la conséquence d'une somme d'évènements et/ou de défaillances plus ou moins importantes. Tout ces petits détails auxquels nous n'avons pas prêté attention. On se dit alors "Si j'avais fais comme ci, comme ça", "Si je n'avais pas tourné la tête", "Si cette personne n'était pas arrivée" ...

Lors de la pratique du sport, il est souvent le résultat d'un manque d'attention ou d'un défaut de discernement. Car pratiquer un sport c'est mettre son corps dans un état d'activité important et si ce dernier n'est pas prêt à le supporter, il y a un fort risque de blessure.

L'exemple le plus flagrant est de vouloir trop en faire. Soit par manque d’entraînement (pour les débutants), soit pour vouloir suivre un plan d'entraînement coûte que coûte (trop ambitieux, corps fatigué, manque de sommeil). L'autre exemple est le manque de vigilance. Plus l'effort est intense et long, plus la vigilance a tendance à diminuer.

Que faire ? Si on ne peux pas vraiment prévoir des événements extraordinaires (un vélo qui arrive par exemple), et donc ne pas les prendre en compte, on peut néanmoins s'assurer de partir dans de bonnes conditions. La première, plutôt facile, est l'alimentation : s'alimenter et s'hydrater en adéquation avec l'effort à fournir et les conditions atmosphériques (chaud, sec, froid, vent, pluie). La luminosité peut poser des pièges, surtout en soirée quand elle a tendance à diminuer rapidement.

La seconde, plus compliquée, est de ne pas partir sans un niveau de vigilance haut. Autrement dit, ne pas partir fatigué (soit physiquement, soit mentalement) pour rester concentré sur ses mouvements. Ce n'est pas évident quand on suit un plan d'entraînement (où l'habitude prend le pas) ou que l'on est dans la préparation d'un événement particulier (période pendant laquelle le corps est volontairement mit à rude épreuve). Mais vouloir en faire trop c'est prendre le risque de ne plus pouvoir rien faire du tout. Il faut apprendre à écouter son corps et détecter les signaux de faiblesse/fatigue. Ne pas hésiter à décaler ses plans. Malheureusement, appréhender son corps demande du temps et de l'expérience.

Afin de rester concentré sur soit et sur son effort, il faut éviter de porter un casque audio (ou des oreillettes), qui détourne l'attention, augmente la fatigue mentale, peut créer de l'énervement et donc accélère la baisse de vigilance. Petite exception sur une piste d'athlétisme où le risque lié au terrain et à l'environnement est faible.

Autre élément loin d'être anecdotique : utiliser le matériel adéquat et en (très) bon état. Le matériel s'use et se change, contrairement aux tendons et ligaments qui s'usent mais se changent pas. En bref, il vaut mieux mettre 150€ dans une bonne paire de chaussure plutôt que 150€ dans des séances de kiné/ostéo...

Guérir

Et puis *boum*. Tout va très vite. On se retrouve au sol. La douleur est vive.

Immédiatement

Qu'il s'agisse d'une fracture ou d'une entorse, il est important d'immobiliser le membre et de le solliciter le moins possible. Il faut également appliquer de la glace (ne pas hésiter sur la quantité) en la renouvelant régulièrement (dès qu'elle est fondue) afin de limiter l'inflammation. Éventuellement prendre du paracétamol pour réduire la douleur. Dans la mesure du possible, garder le membre à l'horizontale. Le réflexe étant d'aller aux urgences. Pour l'avoir vécu, il s'agit d'une très longue attente dans de mauvaises conditions (pas de glace, mauvaise position, pas de paracétamol). Le seul avantage est de pouvoir repartir avec un atèle (à vous de trouver les béquilles adaptées...). Il y sera fait une radio afin de déterminer s'il y a fracture, mais pour une entorse il faudra de toutes façons revenir faire une échographie 48h plus tard le temps que l'hématome se réduise. Le mieux est donc d'y aller le lendemain si on la possibilité de bien immobiliser le membre pendant la nuit.

Les premiers jours

48h plus tard, retour à l'hôpital pour un diagnostic précis. En cas de rupture ligamentaire, ne pas hésiter à prendre d'emblée 8 semaines d'arrêt maladie. Car, même si on est plus ou moins rétabli au bout de 5/6 semaines, rien ne vaut une période de convalescence pour bien effectuer la ré éducation (plus difficile quand on travaille, même en télé travail). La tendance actuelle est d'éviter les interventions chirurgicales et de laisser faire le processus naturel de guérison afin de ne pas risquer l'infection au bloc, ce qui pourrait être catastrophique (risque d'amputation), mais tout dépend du chirurgien.

Il faut le plus rapidement possible prendre rendez-vous avec un kinésithérapeute pour entamer la ré éducation 2 semaines après l'accident. C'est important de le faire rapidement car ils sont souvent très chargés. D'autant plus que les kinés, c'est comme les boulangers, il y en a à tout les coins de rues, mais les bons sont rares.

Une fois toutes ces formalités réalisées, faire la liste de tous les livres, séries télé et jeux vidéos que l'on n'a pas eu le temps de lire/voir/jouer et attendre en restant immobilisé (3 semaines). Pour cela, prendre un bon canapé et légèrement surélever le membre atteint. S'il s'agit de la cheville, ne pas hésiter à porter une chaussette un peu serrée afin de faire un mini "bas de contention" (pour favoriser la circulation du sang).

Il faut prendre la situation avec philosophie, car ce qui est fait est fait. On ne pourra pas revenir en arrière. Les blessures sont inhérentes à l'activité physique et ce, quel que soit le niveau. Il est rare qu'un sportif s'en sorte durant toute sa carrière sans une seule blessure grave. Ce n'est d'ailleurs pas l'apanage des sportifs. Louper une marche de l'escalier, glisser dans la rue, tomber d'un escabeau ... sont autant de situations qui peuvent mener dans le même état. À moins de rester toute sa vie dans un lit, il y a toujours un risque de blessure, même dans les situation les plus simples du quotidien.

À long terme

Vient le temps de la ré éducation (2 semaines plus tard). Au début, rien d'extraordinaire : des petits mouvements, des étirements, un peu de marche (avec béquilles). La ré éducation est assez progressive. Il faudra retrouver souplesse et équilibre (le ligament ne se rattache pas forcément au même droit). Personnellement il m'a fallu 2 mois pour marcher sans béquilles et 3 pour reprendre la course. Il ne faut pas hésiter à changer de kiné, car au bout d'un mois (au mieux), il ne se concentre que sur ses nouveaux patients et délaisse les anciens. Penser à bien faire les exercices pieds nus (à minima en chaussette) pour éviter l'effet compensateur des chaussures. Si votre kiné ne vous le dit pas, changez de kiné ! De manière générale, marcher pieds nus permet de mieux ré éduquer la cheville.

Discipline personnelle (motivation) et régularité sont la clé de la guérison. Les exercices sont fastidieux et chronophages, mais il est capital d'être rigoureux. L'activité est un facteur déterminant de la ré éducation, c'est pour cela qu'il faut commencer le plus tôt possible et de manière régulière (d'où l'arrêt de travail de 8 semaines). J'ai remarqué qu'en pratiquant une activité longue et intense (ce qui permet de mobiliser la cheville en profondeur), je gagnais en capacité de flexion. Attention cependant, car le fait d'avoir un membre blessé (douleur, engourdissement), va créer des déséquilibres et les autres membres vont être amenés à compenser, ce qui peut entraîner d'autres blessures. D'où l'importance d'une reprise progressive (on ne peut pas repartir avec le niveau auquel on s'est arrêté) et de rester concentré afin de forcer sur le membre faible pour limiter ces compensations.

Malgré tous les efforts déployés et selon la gravité de la blessure, l'âge, la prise en charge et la capacité de régénérescence, il restera toujours des séquelles plus ou moins importantes (le plus souvent un gonflement) car le muscle ne se reconstitue jamais à l'identique et dans une parfaite position. Séquelles qui se manifesteront plus régulièrement avec l'âge (surtout dans les périodes humides).

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