Sanremo : ville de farniente
Située à seulement 25km de la frontière française, Sanremo est le pendant Italien de la Côte d'Azur. La ville bénéficie d'une aura internationale (on pense notamment à la fameuse course cycliste Milan - Sanremo), et se force à cultiver cette image glorieuse qui appartient pourtant au passé. En effet, la région devint très populaire à la fin du XIXe siècle, attirant toute l'aristocratie Européenne (et notamment Russe) afin de profiter du climat doux de la côte. Ils y construisirent de magnifiques palais, le plus souvent à quelques pas de la mer. Puis vint les années 60/80 et le tourisme de masse : les constructions anarchiques d'une qualité moyenne à médiocre en viennent à défigurer totalement ce petit coin de paradis. Heureusement la région a perdue beaucoup de son attractivité, ce qui la sauvegarde (pour le moment) d'une bétonisation encore plus massive (que l'on retrouve de l'autre côté de la frontière). Ces fameux palais ont pour beaucoup été reconvertis en hôtels, certains en logements et d'autres sont tristement à l'abandon.
La villa Nobel est aujourd'hui un musée :
Vivre à Sanremo est très déplaisant : la montagne étant beaucoup plus proche du bord de mer qu'en France, on se retrouve avec une voie principale saturée tout au long de la journée. Le bruit des nombreux scooters résonne sur les tours de béton construites de part et d'autre de la route. Il n'est pas rare de mettre 30 minutes pour effectuer seulement 10km... Fort heureusement, passé quelques rues, le bruit s'estompe alors qu'il n'est plus possible d'utiliser des véhicules motorisés.
En face de l'immense port et du peu de plages disponibles (la plupart privatisées), le quartier branché se situe au bas de la vieille ville, jouxtant la principale rue piétonne (via Roma) bordée de commerces chics. Juste après, sur la via Giacommo Matteotti s'étend des boutiques moins bling bling. Puis, un dédale de rues étroites, véritable cœur historique de la cité qui est resté très populaire, permet de remonter jusqu'au sanctuaire de la Madonne della Costa. Il n'est pas très grand, mais richement décoré.
Éclaircie dans ce monde urbain : l'ancienne voie de chemin de fer qui longeait le bord de mer (aujourd'hui déviée un peu plus haut dans la montagne) a été reconvertie en piste cyclable : 26km entre Sanremo et Imperia entièrement séparé de la route ! Deux voies pour les cyclistes, une pour les piétons, dénivelé très faible (faux plat). Un véritable bonheur qui permet de joindre le chef-lieu de la province les cheveux au vent. On ne manquera pas de faire une pause dans le charmant village côtier de San Stefano al Mare ou de piquer une petite tête dans la méditerranée à l'approche de San Lorenzo al Mare. Comble du luxe : quelques points d'eau sont disponibles sur le trajet ! C'est d'ailleurs une constante sauvegardée dans les villages traversés : de nombreux points d'eau sont accessibles ça et là. Attention cependant à bien se protéger du soleil, il n'y a quasiment pas d'ombre sur le trajet !
Si Sanremo est une véritable marque reconnue, elle n'a donc pas beaucoup d'intérêt (en dehors du farniente et de la dolce vita) face à des villes comme Bordhigera ou Imperia dont la renommée plus faible a permis de conserver un semblant d'authenticité (au milieu d'une jungle de béton).
Plus haut dans les terres, se trouve également le vieux Bussana (Bussana vecchio). Frappé (comme d'autres) par un tremblement de terre en 1887 faisant un total de 2000 morts, dont 59 dans le village, il fut vidé de ses habitants quelques années plus tard car la qualité des sols et des bâtiments le rendent dangereux. Il est aujourd'hui squatté illégalement par des artistes, quelques commerces, certains résidents et plus hallucinant encore : des B&B... Devenu un point d'attraction touristique (attention, la route pour le joindre ne permet pas forcément à deux voitures de se croiser...), il évite ainsi sa démolition totale .
Autre point intéressant : la cité médiévale de Dolceacqua. Autrefois place forte de la région de par sa position dominante permettant de surveiller à la fois les Alpes et la mer et de contrôler le torrent de la Nervia qui coule au pied. La ville, ainsi que son château, fut souvent le théâtre de guerres intestines entre les différentes puissances de l'époque : les Vintimille, les Grimaldi, les Génois, les Savoyards... Avant de tomber en désuétude sous le feu des canons modernes. Ce n'est que récemment (~ 2000) qu'ont été entrepris des travaux de restauration. Monet, lors de son séjour dans la région y a peint deux tableaux. C'est aussi le point de départ d'une très belle randonnée dans les montagnes (~ 30km).
Moins urbanisé qu'en France, la côté Italienne apparaît paradoxalement moins verte du fait de la conservation des cultures en restanque (surtout de la fleur coupée) ne permettant pas à une végétation dense de pousser. Il faut dire que la région a longtemps été pauvre, justement à cause des terres difficilement cultivables du fait de la déclivité, de la qualité des sols et du manque de pluviométrie. La barrière des Alpes rendant également plus difficile les échanges avec les régions voisines. Seuls les moyens d'irrigation et de transport modernes ont permis à la population (de plus en plus nombreuse) de bénéficier d'un climat doux tout au long de l'année. Revers de la médaille : la plupart des denrées alimentaires sont importées. Autant dire qu'à long terme, un département sans un minimum d'autonomie alimentaire est vouée à fortement régresser.
Malgré tout, Le panorama quasi vierge sur la méditerranée est époustouflant, que ce soit au bord de mer ou plus haut en altitude.