Balade

Escale à Sète

Sunday, 07 April 2024
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Écrit par
Grégory Soutadé

Bâteau à Sète

Sète, Cette, Cetta, est une ville connue de tous de part son patronyme, mais qui ne vit souvent que dans notre imaginaire. Elle se situe tout au sud du département de l'Hérault, après l'immense bassin/étang de Thau (d'une superficie de 75km2), dont elle est l'estuaire.

Bâtiment à Sète Pont de Sète

Cette situation très favorable entre la méditerranée, le bassin et la terre en font un endroit idéal pour y ériger une colonie. Ainsi, on trouve des traces de la cité depuis l'époque Gréco-romaine (1er siècle). Par la suite, la ville s'enrichit à partir du XVIIe siècle grâce au port nouvellement crée et au commerce qui en découle. Puis, il y a le tournant de l'industrie lourde avec les raffineries alentours (Bellaruc, Frontignan). La population y est donc traditionnellement populaire : ouvriers et pêcheurs. Ces derniers étant de plus en plus poussés en dehors de la cité, dans des parcs HLM clos, occasionnant des problèmes importants.

Le Phare de l'Espiguette au Grau-du-Roi :

Le Phare de l'Espiguette Le Phare de l'Espiguette - plage

Astuce au Grau-du-Roi : le petit restaurant "L'Assiette Amoureuse" propose une cuisine de très bonne qualité pour un prix raisonnable.

Malgré un climat très favorable, Sète possède pourtant un talon d'Achille : le sol sablonneux rend les constructions instables, limitant ainsi l'urbanisation, contrairement aux stations balnéaires alentours comme Palavas-Les-Flots qui sont tout simplement immondes. La mer, également, qui d'un côté rogne la côte et de l'autre côté l’agrandi. Problème permanent et connu depuis le XVIIe siècle.

Le Phare de l'Espiguette - intérieur

La ville actuelle apparaît comme un condensé de tous ces éléments, mais se mue peu à peu en lieu de villégiature avec son port de plaisance prisé des passionnés de voile. En effet, lors des promenades au gré des rues, on aperçoit un écart important entre certains bâtiments historiques très bourgeois et des habitations plus modestes. D'ailleurs, depuis quelques années, les prix de l'immobilier ont flambé. La croissance démographique y est continue, ce qui engendre beaucoup de circulation automobile dans les rues étroites.

Escale à Sète 2024 Escale à Sète 2024

La presqu'île se veut être un lieu culturel avec pas moins de deux théâtres et deux salles de cinéma. Pour l'anecdote, Georges Brassens, mais aussi Ève Angeli (Vanessa Garcin) y sont nés. Elle sert parfois de décors pour le feuilleton télévisée Un si grand soleil. Outre le célèbre rendez-vous des bateaux historiques Escale à Sète qui se déroule tous les deux ans, la municipalité organise de nombreux festivals lors de la période estivale.

Escale à Sète - Nao Victoria Escale à Sète - Le Belem

Sète est également une ville gourmande avec nombre de bars, restaurants, boulangeries (dont La Carioca qui fonctionne uniquement au levain), pâtisseries et chocolatiers. Côté gastronomie traditionnelle, les fruits de mer (dont les fameuses huîtres de Bouzygues élevées dans l'étang de Thau), le poisson de manière générale et en particulier le poulpe sont mis à l'honneur. On notera comme spécialité la fameuse tièle de Sète, qui est en réalité une recette Génoise (la communauté Italienne y est d'ailleurs très présente), les encornets farcis, la rouille à la Sétoise ainsi que les moules farcies. Mais, vu la quantité de produits à base de poulpe, je doute qu'ils proviennent tous de la pêche locale...

Flamants roses Élevage ostréicole à Bouzygues

Comme l'on est en Camargue, on trouvera également de la gardiane de Taureau (ainsi que d'autres spécialités à base de taureau). Côté sucré, c'est la Zézette qui est à l'honneur.

Bouzygues et Loupian qui ont su garder leur caractère :

Ruelle de Bouzygues Ruelle de loupian

Il est important de noter que le bourg voisin de Frontignan, avec son Muscat, est un des rares territoires qui fut épargné par la crise du phylloxéra, petit puceron importé par des vignes Américaines qui décima tout le vignoble Européen au XIXe siècle, au point de devoir utiliser ces même pieds Américains, naturellement résistants, comme porte greffe. En effet, le sol sablonneux empêcha le puceron de s'accrocher aux racines de la vigne. On trouve ainsi le vin local sous l’appellation Vin des sables.

Sète depuis Mèze

Pic de l'Arpille

Sunday, 26 November 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Le pic de l'Arpille était un candidat au côté du Circuit de Charamel lors de mon dernier passage dans le coin. Finalement, j'avais choisi le second car plus ombragé. Il fallait donc attendre une météo plus fraîche pour se lancer. Ce fut le cas fin novembre avec des températures plus basses qu'en septembre, mais largement au dessus des normales de saison : 17°C/18°C au village ! Ce dimanche là, le ciel était bleu et à peine voilé par endroit, le temps idéal donc pour aller se promener.

D'après la description, l'Arpille est l’un des plus remarquables belvédères du département, ce qui est parfois au dessus de la réalité, marketing oblige. Pourtant, cette entrée en matière est plus que véridique ! Le pic de l'Arpille offre une vue à couper le souffle. Une vue à 360°C sur l'un des plus beau endroits des Alpes-Maritimes. Où que l'on regarde, le paysage est magnifique : les montagnes, les vallées, les crêtes, les sommets, les pâturages. Surtout si l'on ajoute cette lumière chaude d'automne avec les feuillus qui se pârent de teintes cuivrées.

Le site randoxygène propose d'emprunter la DFCI de bas en haut. C'est l'option "facile" mais moins intéressante. L'idéal est de partir depuis Le village du Mas, grimper jusqu'à la crête de la montagne de Charamel, puis prendre la direction du col de Bane. C'est d'ailleurs à partir de ce col que le voyage devient vraiment intéressant. Le tracé y est moins difficile et l'on commence à avoir des points de vues splendides côté Nord et côté Sud. Il faut faire des petites pauses régulières pour apprécier l'environnement.

La randonnée (en aller-retour) est donnée comme "moyenne" car la distance entre le village et le pic est relativement courte : ~6,5km. Pourtant, il faut se méfier du dénivelé important (750m), réparti en un premier bloc de 2,4km avec une pente moyenne de près de 20% et un autre bloc de 500m avec un pente moyenne de 22% (les premiers 200m sont à 37% !). Le tout, avec peu de passages ombragés. Il faudra donc bien prendre ses dispositions (eau, crème solaire, lunettes de soleil, coupe-vent...).

Pic de l'Arpille depuis Le Mas

Le départ se fait depuis le parking de l'Eglise. On peut apercevoir l'objectif du jour.

Comme indiqué plus haut, le début est coriace, avec des passages dans les bois.

Une fois atteint la crête, le dénivelé devient moins important.

A l'approche du col de Bane, l'Arpille semble toujours aussi loin. Pourtant, il n'est qu'à 4 kilomètres !

Passé le col de Bane (1379m d'altitude), la randonnée devient vraiment intéressante avec un point de vue à la fois à gauche et à droite. On est vraiment sur le fil, à cheval entre les deux versants. Le chemin n'est pas toujours bien tracé sur cette portion ! Il disparait carrément à un endroit. Dans ce cas, il faut contourner l'obstacle par le versant nord. Complètement à découvert, le vent commence à se faire sentir.

Panorama simplement magnifique. On peut apercevoir le village de Gars en contrebas. Le sommet des montagnes est censé être enneigé en cette saison...

Si on se retourne, on peut apercevoir Le Mas tout en bas de la vallée. À la fin du chemin, on emprunte de nouveau un bout de la DFCI. Le conseil donné est de bifurquer de nouveau après la balise 111. C'est plus court, mais sans grand intérêt, surtout que la pente est de l'ordre de 37% sur 200m !

Une fois le pic atteint (1686m d'altitude), le paysage est à couper le souffle. Le vent y est assez fort et les températures plus fraîches. On pourra déjeuner sur un petit banc à l’abri de la tour de guet.

Il est plus simple de faire le retour par la DFCI.

Retour sur le village du Mas. Si la pente, assez forte, était difficile dans le sens de la montée, elle le sera encore plus dans le sens de la descente !

¡ Hola Barcelona !

Sunday, 15 October 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Barcelone est une ville tout en contraste. Avant d'être la seconde agglomération d'Espagne, elle est surtout la capitale de la communauté autonome de Catalogne. Région qui possède une identité forte, propre aux gens du sud, à la fois fière et indépendante. Fierté jusque dans la langue, puisque le Catalan est la seconde langue officielle avec l'Espagnol (le Castillan), même si elle est préférée à cette dernière. Il n'y a d'ailleurs que deux religions en ces terres : Dieu via la Sagrada Família et le (FC) Barça ! Si le second ramène principalement les fans du ballon rond (et ils sont nombreux), c'est surtout la première qui déverse chaque jours quantité de touristes venus du mon entier.

Coliseum Barcelone Immeuble Barcelone

En effet, la reconnaissance actuelle de Barcelone trouve ses origines au début du XXe siècle quand les riches industriels sont sortis des murs fortifiés de la vieille ville pour construire des immeubles bourgeois aux façades richement travaillées. Cette "nouvelle ville" est organisée par îlots carrés tels que définit par le plan Cerdà. Le point d'orgue du développement de Barcelone est le projet de construction d'une église dédiée à la Sainte Famille (Saint Joseph, la Vierge Marie et Jésus) : la Sagrada Família ! Initialement modeste, le projet change de dimension avec la proposition du jeune architecte Antoni Gaudí qui dessine les plans d'une cathédrale dans un style dont il est l'initiateur : le néo gothique (ou art moderne). L'alliance d'un financement important, de techniques d'architectures et de constructions "modernes", ainsi que de l'extravagance de l'architecte en chef ont permis de démarrer la construction d'une œuvre pharaonique, aujourd'hui la plus visitée d'Espagne bien qu'elle soit encore inachevée. Une œuvre tellement grande que Gaudí lui-même avait conscience qu'il ne la verrait pas de ses propres yeux. Il y est d'ailleurs enterré. S'il n'y avait qu'une seule chose à voir, ce serait bien cet édifice de (bientôt) 172m de haut !

Sagrada Família extérieur Sagrada Família : intérieur

Sagrada Família : La sainte famille Sagrada Família : intérieur

Mais, avant d'y consacrer entièrement les dernières années de sa vie, l'architecte aura mené plusieurs projets dans son style caractéristique, comme le parc et le palais Güell, diverses casas dont Batlló et Milà, ainsi que d'autres collèges et palais.

Casa Batlló Casa Milà

Parc Güell

L'effervescence des arts modernes de ce début de siècle se retrouve également via la peinture, avec des artistes espagnols majeurs qui ont étudié et résidé à Barcelone, à savoir Pablo Picasso et Joan Miró. De cette époque dorée, la capitale en a gardé un esprit culturel fort, avec nombre d'artistes conventionnels ou de rue et d'artisans que l'on peut trouver dans le quartier d'El Born. Il faudra hélas bien chercher afin de trouver des produits artisanaux de qualité face aux torrents de produits bas de gamme destinés aux touristes. Il est également amusant de noter une certaine attirance vestimentaire "rétro", avec plusieurs boutiques de première et seconde main (dont certaines vendent les vêtements au poids). À côté des tapas, de la sangria et de la paella, l'autre spécialité Catalane est le torró/nougat.

Rue de Barcelone

La réputation de Barcelone est également fondée sur l'aspect festif (notamment sur la Rambla). L'on retrouve ainsi d'innombrables bar (à tapas), mais aussi beaucoup de restaurants étoilés, et une certaine propension à vivre la nuit. Ce constat se matérialise avec des lignes de métro relativement fluides en semaine, mais qui commencent à se charger dès le vendredi, pour fonctionner non stop tout le dimanche ! On pourra saluer les investissements importants dans tout les réseaux de transport urbain : 12 lignes de métro ! Un métro toutes les 2 à 5 minutes pour les lignes les plus fréquentées. Il y a également 300km de pistes cyclables ! Cela ne suffit malheureusement pas à subvenir aux besoins des presque 1,7 million d'habitants, car la circulation automobile y est (malheureusement) omniprésente, occasionnant de nombreuses nuisances sonores et pollution atmosphérique. C'est encore plus flagrant en prenant de la hauteur, on peut alors apercevoir un nuage de pollution qui flotte au dessus de la ville (lorsque celui-ci n'est pas chassé par l'air marin). Pour s'échapper de la foule et du bruit, dont on arrive rapidement à saturation, et trouver un peu de calme, il faudra se tourner vers les jardins de la butte de Montjuic.

Montjuic Montjuic

Cet air marin salvateur permet de contenir des températures de plus en plus importantes, même s'il n'arrive pas à cacher l'évidence du réchauffement climatique et les sécheresses inhérentes. La municipalité a de ce fait coupé toutes les fontaines ornementales qui font pourtant parti des attractions touristiques. Les fontaines d'eau potables restent néanmoins encore en fonctionnement, même si l'eau de ville est de piètre qualité gustative. De cette culture de la chaleur, Barcelone possède une urbanisation qui compte soit des ruelles étroites, soit des rues et avenues plus larges mais bordées d'arbres. On peut donc toujours trouver un coin d'ombre où se réfugier ! Pourtant, les habitants sont trop habitués au confort. Ainsi, la climatisation excessive est utilisée à outrance, parfois même en laissant les portes des magasins grandes ouvertes...

Immeuble Barcelone Immeuble Barcelone

Avec autant de points fort, la ville possède un pouvoir d'attraction élevé, notamment d'un point de vue touristique, puisque pas moins de 23 millions de personnes se pressent chaque année dans ses rues. Elle jouit d'ailleurs d'une grande popularité chez les touristes asiatiques. Il est donc important de réserver ses visites à minima 24h à l'avance. Le fait d'avoir plus de touristes que d'habitants génère parfois des tensions avec les locaux (encombrement, hausse des prix, dégradations...). D'autant plus que Barcelone est déjà une des villes les plus densément peuplées d'Europe avec plus 16 000 habitants par km2 (et s'étend de manière continue en absorbant les communes alentours). Pour autant, elle s'adapte à ce gigantesque potentiel économique avec des services et commerces ouverts sur de grandes plages horaires. Les forces de l'ordre y sont d'ailleurs très strictes et tournent régulièrement un peu partout (même dans le parc Güel à scooter/moto et sur la plage avec des buggy !). Si ce n'est les tags excessifs dans certaines quartiers, la ville est propre.

Barcelone Port industriel de Barcelone

Mais, derrière cet éloge du consumérisme moderne et les riches façades des bâtiments, se cache une réalité plus prégnante. À quelques rues seulement du quartier bourgeois de l'Eixample, la partie ouest abrite le port, ainsi que de nombreuses industries lourdes. Le niveau de vie de la classe ouvrière y est beaucoup plus faible, alors que Barcelone est une ville plutôt onéreuse. Y vivent en général les grandes communautés asiatiques (Inde, Pakistan, Chine, Philippine) et Sud Américaine.

Barceloneta Barceloneta

Circuit de Charamel

Sunday, 17 September 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Une nouvelle rando dans mon top 3 du haut pays Grassois : La circuit de Charamel. Le nom n'est pas forcément en adéquation avec la randonnée étant donné que l'on ne longe la crête du Charamel que sur la moitié du parcours avant de basculer côté opposé dans la forêt de la Gironde. C'est d'ailleurs pour cette raison que la balade m'avait tapé dans l’œil début 2022. De la montagne, certes, mais également beaucoup de passages dans les bois (environ les 3/4 du temps), donc bien ombragé. Malheureusement, entre attente de la fin mars, autres activités, la blessure de mai et les fortes chaleurs de cet été, il a fallu patienter jusqu'à la St Grégoire pour trouver un créneau ! Et quel "cadeau". Le parcours est difficile, mais il en vaut vraiment la peine !

Dimanche, 9h du matin sur le parking de l'Église du Mas. On sentait déjà poindre le retour de la chaleur avec 18°C sur le thermomètre. Le soleil est traître un montagne, il n'est donc pas inutile de se mettre un peu de crème solaire avant le départ. Surtout que le ciel est d'un bleu magnifique.

Le début est assez tranquille. Pour autant, il est parfois un peu technique avec des franchissements de pierriers ou bien, ça et là, quelques trous sur le chemin (étroit).

S'ensuit 1km d'ascension assez raide pour joindre le haut de la montagne.

Si on se retourne, on pourra apercevoir Le Mas.

On bascule alors sur le versant nord, boisé et complètement à l'ombre. Il faut faire attention car le chemin est parfois humide.

Si on est suffisamment discret et que l'on tend un peu l'oreille, on peut avoir la chance de voir ou d'entendre un chevreuil. Il était caché non loin de moi par une épaisse couche de végétation, mais impossible de l'apercevoir. Il a eu de la chance, car c'était jour de fête au village : La fête des chasseurs, avec comme menu : civet de chevreuil et polenta !

Celui-ci ne pourra pas en dire autant.

Après un peu de descente, il faut récupérer le GR4. Autant le dire tout de suite : ce GR est une tannée, avec des chemins pentus et peu praticables (surtout en descente).

Au loin, le village d'Aiglun

Une fois rejoint la route, il faut continuer de descendre en direction du hameau des Tardons, puis encore jusqu'à la Clue. Cette partie est agréable.

Vient le temps de faire la pause déjeuner au bord de la Gironde. On en profitera pour recharger en eau, les fontaines des villages sont fermées !

Mais ce repos paisible est un piège, car la remontée vers le village abandonné de Pigros est assez raide (et pas forcément ombragée).

Le reste de la randonnée se fait entièrement dans les bois. Un vrai bonheur où on pourra enjamber plusieurs petits affluents (et se rafraîchir au passage) avant de traverser de nouveau la Gironde.

Les choses se gâtent pour la partie finale, puisqu'il faudra remonter jusqu'au village par une petite route qui serpente le long de la montagne. On dérangera au passage nombre de lézards en pleine séance de farniente, mais surtout en plein soleil !

Malgré la fatigue des ~15km de marche (et ~900m de dénivelé positif), le retour à la civilisation se fait avec un petit pincement au cœur tellement l'endroit est beau et calme.

La fin de l'été offre moins de fleurs. Malgré tout, il y a pas mal de thym sauvage sur le parcours.

La voie du Nord

Sunday, 18 June 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Le Nord de l'Europe continentale est dans notre imaginaire une destination peu attractive et souvent pleine de pré jugés, particulièrement le Nord de la France. Pourtant, en ces temps de réchauffement climatique, ces petits coins seront les futurs paradis (ou pas). Il n'y aura malheureusement pas de photo cette fois pour illustrer mon propos. Combinaison à la fois d'un mauvais pressentiment et d'une rhinopharyngite aiguë qui m'aura fortement secoué pendant 10 jours, l'appareil photo est resté sagement à la maison.

Digression sur le Toplexil

On nous l'a appris depuis tout petit : toux = sirop. Atteint de fortes quintes de toux, direction la pharmacie pour acheter le précieux sésame. La pharmacienne conseille le Toplexil (Sanofi) pour traiter la toux sèche (qui ne produit pas de mucus). Mise en garde particulière : il provoque des somnolences importantes. Le produit est plutôt efficace (et provoque effectivement des somnolences, ce qui est pratique pour passer une bonne nuit). Son bon goût de caramel donne même envie d'y revenir ! Si on se penche un peu plus sur la notice, le Toplexil ne contient en réalité qu'une seule molécule : l'oxomémazine, qui est classée dans la catégorie des antihistaminique (utilisé principalement contre les allergies). Il n'y donc pas d'action "directe" de la molécule comme avec la traditionnelle tisane gingembre/miel (efficace elle aussi), mais indirecte grâce à ses propriétés antitussives. Pour satisfaire sa clientèle soucieuse de ses apport en calorie, le Toplexil ne contient pas de sucre (mais un édulcorant). Bref, tout ça pour dire que le public attend un sirop pour soigner la toux et que Sanofi se contorsionne pour répondre à cette demande alors que la prise de la même molécule sous forme de cachet, comme il est d'usage pour les antihistaminique, serait tout aussi efficace !

Lille

Le séjour débute à Lille. Le chef-lieu du département des Hauts De France a vraiment tout pour plaire : une architecture typique avec des bâtiments en briques rouges, quelques immeubles Haussmanniens, de nombreuses places tout à fait charmantes, une ambiance très jeunes (grâce à ses nombreuses universités), dynamique, cosmopolite, une histoire riche (Vauban y fut nommé gouverneur). Malgré ses 263 000 habitants, la circulation y est peu dense. Il faut dire que le dénivelé quasi inexistant et les larges allées se prêtent parfaitement à la marche ou au vélo (très plébiscité par la population). D'une manière générale les personnes qui vivent dans le Nord adoptent facilement ce mode de transport, notamment en mode "cargo" avec l'essor des assistances électriques. Il y a également une volonté forte de la municipalité pour végétaliser et sécuriser les axes publiques. Bus, métro et tramway viennent compléter l'offre de mobilité urbaine. Besoin d'air malgré tout ? Une promenade le long de la Deûle ou dans l'immense parc de la Citadelle érigée par Vauban apporteront toute la fraîcheur nécessaire. Mais il est difficile d'avoir soif vu le nombre de bars disponibles ! Autre atout majeur : elle se situe à 1h de Paris (TGV) et seulement 30 minutes de Bruxelles, la gare Lille Europe étant un véritable carrefour ferroviaire pour toute la partie Nord de l'Europe. Non loin (à Lesquin) se trouve également un aéroport. Toujours dans le thème des transports, la métropole a mis en place un ingénieux système de ticket "papier" rechargeable (valable pour 1 à 5 personnes), pratique et pas cher ! Le revers de la médaille d'un niveau de qualité élevé est le coût de la vie qui, sans être égal à une capitale, n'est pas à la portée de tout le monde (particulièrement dans le centre). Le constat est d'ailleurs très différent lorsque l'on se rend (en tram) à Roubaix où l'ambiance est clairement plus populaire. C'est tout le paradoxe de ces territoires ouvriers où certaines familles ont pu faire fortune tandis que la plupart de leurs employés sont restés en bas de l'échelle. La famille Cavrois, dont le patriarche Paul a commandé dans les années 30 une villa à l'architecte Robert Mallet-Stevens afin d'y loger ses 7 enfants, en est le parfait exemple. Villa d'art moderne qui se visite depuis que la ville l'a rachetée et restaurée. De son passé fortifié, Lille garde encore en héritage une influence importante au niveau national en hébergeant le prestigieux "Commandement des forces terrestres", de quoi assurer de nombreux emplois indirects ! Plus anecdotique, l'ancienne capitale des Flandres française est passé par les mains du royaume d'Espagne, on y trouve donc une communauté Espagnole, et même un tableau de Goya dans le palais des beaux arts. Côté météo ? Elle fut clémente avec seulement 15 minutes de pluie en 3 jours et environ 20°C/25°C, même si les statistiques d'ensoleillement disent le contraire. D'ailleurs, dès que le soleil pointe le bout de son nez, les terrasses se chargent de monde (malheureusement, beaucoup en profitent pour griller une clope, ce qui n'est pas des plus agréable).

Bruges

Le patrimoine historique de Bruges est colossal : 4 anciennes Abbayes, 2 abbayes, 1 monastère, 1 basilique, 5 chapelles, 8 églises, 1 cathédrale... Il faut dire que 8 communes ont été rattachées en 1970 au Bruges actuel, ce qui permet de gonfler un peu les chiffres. Elle offre une architecture flamande intacte. On dit que c'est une ville romantique et c'est plutôt vrai lorsque l'on se promène le long des canaux abrités par de grands arbres qui les surplombent. Cause ou conséquence, Bruges est très très, très prisée des touristes et la ville semble très riche. La Cathédrale Saint Sauveur en est la première représentante. Je n'ai jamais vu un monument religieux aussi richement décoré : statues en argent et en or, immenses fresques, pas moins de 3 orgues... Il y a même des portes automatiques à l'entrée ! Pour ceux qui auront survécu à l'overdose de bières, de frites, de gaufres et de chocolats (tout le monde est chocolatier en Belgique), il n'y aura rien de plus romantique que de descendre avec sa chère et tendre dans une des plus anciennes prisons d'Europe, requalifiée aujourd'hui en musée de la torture (parce qu'à l'époque, ils savaient s'amuser !). Autre curiosité : l'utilisation du vélo y est tellement développé (les sorties scolaires se font à vélo !), qu'il y a carrément de grands parkings souterrains dédiés.

Bruxelles

Après avoir été tant émerveillé par Lille, on s'attend forcément à être déçu par la prochaine destination. Le trajet est court dans l'Eurostar. Pas le temps de dire ouf que déjà se profile la gare de Bruxelles Midi (Zuid). Les quartiers qui entourent les gares sont rarement attractifs. Le problème de Bruxelles est que la ville entière y ressemble... Pour résumé, la ville est moche : les bosquets entourant autrefois les habitations historiques ont laissé place à des constructions erratiques, sans aucun charme ni unité et pour beaucoup couvertes de tag. La ville est sale : les poubelles empilées jonchent les trottoirs (quand elles ne sont pas éventrées). Le pire étant les lendemains de "fêtes". À 10h du matin, on dirait que la ville entière a encore la gueule de bois et on peut apercevoir les stigmates de la veille un peu partout : mégots de cigarettes, canettes, déchets de nourriture, que les commerçants nettoient à grand coup de jet d'eau (et tout par dans les égouts !), ce qui ne suffit pas toujours à enlever l'odeur d'urine des ruelles. Il y a d'ailleurs des urinoirs publics, dont 3 directement sur le flanc de l'église Sainte Catherine... La ville est bruyante : à la circulation dense et aux personnes qui gueulent jusqu'à pas d'heure dans la rue, s'ajoute les sirènes excessivement fortes de la police et des ambulances qui tournent régulièrement. L'air y est étouffant (surtout quand il fait 30°C). Le grand parc près de l’Atomium où l'on cherche fraîcheur et calme se situe proche d'un couloir aérien. La mendicité y est omniprésente et, pour couronner le tout (parce-que nous sommes au Royaume de Belgique), la vie est très chère. Bruxelles regroupe tous les affres des grandes villes modernes : l'urbanisme n'a été ni pensé, ni re pensé, mais clairement subit. On y entasse les personnes à ne plus savoir qu'en faire. Exemple cocasse (parce que les Belges sont farceurs) : sur certains arrêts de tram (parfois vétuste), les voyageurs descendent directement sur la voie de circulation ! Il y a très peu de choses pour relever le niveau : le parc de Laeken (à côté de l'Atomium), le palais de Bruxelles et son parc (avec ses bronzes du Chat de Geluck), la grand place, le jardin Botanique et la Cathédrale Sainte Gudule. Ces monuments restent pour autant très classiques. Le seul véritable intérêt d'aller à Bruxelles est le musée Banksy qui expose des reproductions de l’œuvre de l'artiste dans leur contexte. C'est une véritable expérience immersive à ne surtout pas manquer. Que dire des Belges ? Le sentiment est partagé : Les Wallons sont globalement très accueillants et sympathiques, mais il y a une distance certaines qui s'installe dès qu'on s'adresse à un Flamand (et ce n'est pas lié à la barrière de la langue). Difficile donc d'unir un pays quand les deux principales communautés ne peuvent pas se blairer... Sans compter sur le fait que la Belgique doit composer avec un passé colonial Africain peu glorieux (comme beaucoup de nations Européennes). Néanmoins, nos amis Belges peuvent être d'une délicatesse infinie, notamment la personne qui a pris le soin de refermer ma sacoche après y avoir dérobé mon portefeuille ! Mais comme ce sont des gens sympa, j'ai eu la bonne surprise de recevoir un coup de fil une semaine plus tard pour me signifier qu'il se trouvait au bureau des objets perdus du métro. Outre cet incident qui aurait pu se produire un peu partout, le constat est clair : il ne sert à rien de perdre son temps et son argent dans une ville qui n'est clairement pas digne d'être nommée capitale de l'Europe.