Transpirer fait-il maigrir ?

Monday, 30 January 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Jordan Peele dans Key and Peele - Comedy Central

La réponse est simple : non

Il existe une injonction sociétale forte : il faut transpirer pour faire fondre la graisse ! On assiste ainsi à des situations aberrantes comme faire du sport dans un sauna ou emmitouflé dans des vêtements étanches. La raison ? Pour perdre du poids, il faut (entre autre) faire du sport, et quand on fait du sport, on transpire. Donc, plus on fait de sport, plus on transpire... Mais ça ne veut pas dire que quand on transpire on diminue sa masse graisseuse ! Et pour cause, si on regarde la composition de la sueur, il n'y principalement que de l'eau et des minéraux. C'est pourquoi, transpirer ne fait perdre que de la masse d'eau (qui sera rapidement récupérée). Au passage, une transpiration excessive pendant l'activité physique contribue à la déshydratation du corps, elle est donc néfaste.

Alors ça ne sert à rien de faire du sport pour perdre du poids ? Eh bien si ! La bonne question est pourquoi transpire-t-on ? La transpiration est un phénomène particulièrement développé par l'espèce humaine afin d'assurer la thermorégulation interne (elle peut également être induite par une source de stress). Autrement dit, elle permet de conserver une température interne d'environ 37°C, température optimale pour le bon fonctionnement des organes. Quand cette température augmente (chaleur extérieure, activité physique, fièvre...), le corps va se mettre à produire de la sueur pour évacuer l'excès de chaleur. Dans notre cas, lors d'un exercice physique, les muscles vont avoir besoin de sucre (glucose ici) pour effectuer des contractions. S'il n'y a plus de sucre rapide disponible (dans le sang), le corps va métaboliser ce sucre à partir des réserves de graisse. Cette consommation de sucre n'est pas neutre puisqu'elle produit de la chaleur, mais également de l'eau, du C02 et éventuellement de l'acide lactique. Vouloir transpirer à tout prix est donc contre productif, d'autant plus que la chaleur diminue les performances musculaires, et qui dit moins de performance, dit moins de sucre/graisse consommé.

Une autre idée contre-intuitive ou tout du moins très désagréable : pour perdre de la masse graisseuse, il faut avoir froid ! Car la transpiration n'est pas le seul phénomène de thermorégulation. Quand le corps se trouve dans un environnement froid, il va libérer des hormones pour augmenter le métabolisme global. Stimulées ainsi, les cellules vont consommer plus d'énergie, ce qui fait augmenter la température interne ! Il est donc préférable de pratiquer son activité en tenue relativement légère. On pourra toutefois protéger spécifiquement les extrémités (mains, oreilles, gorge, nez) qui se refroidissent plus vite.

À partir d'un certain niveau d'entraînement, le froid devient l'allier du sportif par un double phénomène de diminution de la chaleur interne permettant aux muscles de continuer leur effort à un niveau élevé (refroidissement externe) et en ayant un effet anesthésiant. Le premier paramètre définit la température optimale de l'activité, température qui dépend du type d'activité, du sexe, de l'âge et du niveau d'entraînement. Personnellement, pour de la course à pied, je suis passé de 18°C-20°C à 14°C-15°C au fil des années. Quant au deuxième, l'effet anesthésiant, il se trouve dans des températures encore plus basses (de l'ordre de 8°C pour moi). Si les premières minutes ne sont vraiment pas agréables, une fois que l'ensemble du corps est chaud (~5 minutes), on ne prête plus attention à la masse d'air que l'on transperce. Il faudra toutefois être vigilant à réaliser un échauffement préliminaire digne de ce nom (ou commencer très progressivement). En dessous de ~7°C, les muscles commencent à être tétanisés et la montée en température est beaucoup plus longue, ce qui induit une contre performance. Un muscle froid est rigide : moins performant, moins mobile, il amortit moins les chocs. Le risque de blessure est donc plus important. Il faut également ajouter qu'à ce niveau de température, l'air froid "brûle" les poumons. En réalité, les voies respiratoires se rétractent et s'irritent à cause du manque d'humidité. L'oxygénation est donc de moins bonne qualité. Quoi qu'il en soit, une fois la sortie terminée, il faut se débarrasser rapidement de ses vêtements humides (préférez les vêtements "techniques" à ceux en coton), et aller dans un endroit chaud et abrité, car la température du corps diminue rapidement. La température extérieure n'est pas le seul critère à prendre à en compte : il faudra adapter son équipement en fonction de l'intensité et du type de l'activité, du vent, de l'humidité, de l'ensoleillement, du terrain...

Aparté : Pour perdre du poids, l'idéal est de pratiquer une activité sur un temps long (1h à 3h) et à un niveau d'intensité compris entre 60% et 75% de ses capacités, soit entre le début et le milieu de sa zone d'effort. Le tout 2 à 3 fois par semaine minimum. Le niveau d'effort est surtout quelque chose que l'on ressent quand on est habitué à pratiquer. Il faut ajouter à cela un régime alimentaire correspondant à ses propres besoins énergétiques. Typiquement, il est inutile de manger trois carottes bouillies (ce qui n'est d'ailleurs plus recommandé), car un régime trop sec stresse le corps, qui fera par la suite le plus de réserve possible. Le gras (notamment végétal) en quantité raisonnable est conseillé. La seule chose à fuir ABSOLUMENT est le sucre, véritable poison des temps moderne (et notre mauvaise habitude de prendre systématiquement un dessert et/ou une boisson). Mais c'est une démarche qui reste très personnelle et qui devra être adaptée à chacun.

Libgourou v0.8.1

Saturday, 21 January 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Reminder : Libgourou is a free ADEPT protocol implementation (ePub DRM management from Adobe) that helps download ACSM files on Linux system (and remove DRM).

Libgourou v0.8.1 is out now. It's a minor release if we only look at the ChangeLog, but a very intersting one for a lot of aspects. First, the ChangeLog :

  • DRM with encryption key size 192 bits now fully supported by adept_remove
  • New -D option to specify .adept directory
  • Check for user ID before trying to decrypt a file
  • Default ADEPT directory is now /home/USER/.config/adept and can be specified by $ADEPT_DIR environment variable
  • -f option can be omitted and is replaced by last argument (ie: we can do ./acsmdownloader EPUB)
  • Add man pages
  • Add install/unintall and install_headers/uninstall_headers Makefile targets
  • PugiXML is no more statically linked, we use the system level shared library

Except one bug fix which add a major feature and new default path for .adept, all work has been done in Makefile part which is not code related. And this is interesting because it enlight the fact that libgourou is becoming a popular software (535 downloads within 4 months for v0.8), in "concurrence" with Knock (command line) and Calibre's plugin DeACSM (GUI). I get feedback from 5 different peoples that creates a port to MacOS, create packages for Gentoo and OpenSuse (ArchLinux has an outdated package) + a docker version. The reference implementation (utils) is becoming the only implementation and now has to be more user friendly. This is unexpected as, initially, the project has been designed as a library (so the name "lib" gourou) that should have been integrated by embedded devices, and a reference implementation to be used for Linux users. But I didn't expected that so many people were interested by the command line interface. If the project is still growing like that, I have no doubt that people will ask for new nice features, so wait and see !

You can find binary packages (compiled + AppImage) here.

Dorothy

Wednesday, 11 January 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Groupe Dorothy en concert

Sur la scène rock, peu de chanteuses sortent du lot. Non pas que le nombre de groupes avec une figure féminine en proue ne soit pas important, mais le résultat est souvent décevant. Dorothy Martin fait partie de ces rares élues qui, en plus d'avoir une voix extraordinaire, possède un physique tout à fait avantageux. Autant de points forts qui lui permettent de nommer son groupe avec son propre prénom ! Néanmoins, il faudra des musiciens pour habiller sa voix. C'est ainsi qu'est fondé le groupe en 2013 avec Mark Jackson (guitare), Gregg Cash (basse) et Zac Morris (batterie) qui tombent immédiatement sous le charme de la jeune femme. Ces derniers apportent la partie rock, à la fois old school de part les riffs mis en avant, et très moderne avec des distorsions faisant penser à des samples, ainsi que des coups de basses bien sentis !

Pochette de Rockisdead

Après un premier EP (éponyme !), sort en 2016 l'album Rockisdead. Il mériterait clairement d'intégrer le top 10 des meilleurs albums rock de la décennie ! D'ailleurs, il a été classé 5e sur le US Top Hard Rock Albums de Billboard. Bien que de nombreux titres ou extraits ont été intégrés à des publicités, séries et jeux vidéos, il n'a jamais connu le succès qu'il mérite, sur place ou à l'étranger. D'ailleurs, Dorothy se cantonne principalement au sol Américain (ce qui est déjà beaucoup). Peut-être est-ce dû à leur label Roc Nation, le mastodonte fondé par Jay-Z, qui ne pousse pas assez fort ses "petits" artistes ? Dorothy sort clairement du cadre et n'est pas forcément suffisamment "bankable" pour partir à la conquête du monde. Pour autant, de nombreux clips ont été réalisés, parmi lesquels Dark Nights est le plus drôle. Le plus abouti étant Raise Hell (qui n'en oublie pas le côté décalé). Mais le meilleur titre de l'album, Gun In My Hand, restera en version audio uniquement (ce qui n'est pas forcément plus mal).

Six mois plus tard, il y a le feu dans la maison, le groupe se "dissout". Début 2017 il ne restera que Dorothy, accompagnée d'un nouveau staff (dont un second guitariste) pour commencer "une nouvelle aventure". Malgré la bonne promesse du single Down To The Bottom (créée pour Forza 4, excusez du peu !), le groupe a perdu toute l'énergie de ses débuts et ne produira plus rien d'intéressant... Avec 28 Days In The Valley (2018), il y a clairement eu un virage pop/rock dû à la nouvelle formation (peut-être un peu plus réconfortante pour la chanteuse), ainsi qu'à la nouvelle productrice Linda Perry, également co-autrice de la plupart des titres (ce qui était également le cas pour Rrockisdead avec les deux producteurs et co-auteurs Mark Jackson et Ian Scott). Il est intéressant de noter l'implication des producteurs, qui ne sont pas seulement présents pour financer, mais qui participent activement à la conception comme membre à part entière. La Diva est désormais traitée comme une pop star avec des clips flashy, des thèmes beaucoup moins subversifs et un son très lissé. On retrouvera un son un peu plus agressif sur Gifts from the Holy Ghost (2022), particulièrement sur les introductions qui sont très intéressantes, mais dès qu'intervient le refrain, les arrangements redeviennent très "commerciaux". Ce qui tranche avec les concerts qui sont beaucoup plus énergiques.

Deux reprises sont disponibles en bonus : No Church In The Wild (de Jay-Z et Kanye West) avec des influences métal délicieuses, ainsi qu'un I Put A Spell On You qui rendrait terriblement jalouse Nina Simone !

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais il arrive parfois d'avoir de très bonnes surprises, quelques petits cadeaux laissés par la vie. Et quelle claque reçue avec la reprise "unplugged" de What's Coming To Me, enregistrée pour une interview de Matt Pinfield. Débarrassée de toutes fioritures, libérée, Dorothy laisse éclater toute la puissance de sa voix, la partie instrumentale n'étant qu'un léger support (rythmique). Il y a quelque chose d'à la fois vibrant et magnétique quand on la regarde chanter ainsi, un frisson qui parcourt la peau dès les premières paroles. Un plaisir qui montre crescendo, jusqu'à l'explosion finale. Elle se permet même d'écraser les chœurs pour prolonger ce plaisir jusqu'au bout. Trois couplets durant lesquels on se délecte de toute sa palette vocale et de ses infinies variations. C'est toute la magie des versions acoustiques : avoir une partie instrumentale plus sobre, comme lors des concerts, tout en bénéficiant de la qualité audio du studio, le tout en live ! Rest In Peace fut également jouée. Le résultat est pas mal du tout, bien qu'un peut en dessous (mais le morceau se prête moins aux envolées lyriques).