Athlé Expliqué

Thursday, 06 April 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Il y a quelques jours, Nicolas Dayez m'a contacté pour écrire un article invité sur son site Athlé Expliqué. Il est, comme qui dirait, un mordu de course à pied depuis maintenant 10 ans. La performance appelle la performance et elle est devenue son objectif principal. Ainsi, on ne peut être qu'admiratif devant ses records personnels (toutes épreuves confondues), surtout quand on sait tout le travail qu'il faut abattre pour en arriver là :

  • 3'27 (34'30) sur 10km
  • 3'39 (1h14) sur semi-marathon
  • 3'48 (2h40) sur marathon

Il est clair que Nicolas est drogué à la course ! Avec des temps pareil, il est facile de prendre la grosse tête, d'être imbu de sa personne, pourtant il n'en est rien. Au contraire, Nicolas a mis en place son site/blog pour partager sa camepassion, quel que soit son niveau. Il décortique sous forme de fiche tous les aspects qui touchent de près ou de loin à son sport favori. Son expérience lui permet également de proposer des services de coaching (payant) pour booster ses performances (le coaching n'est qu'une activité secondaire).

Après avoir parcouru son blog, je me suis rendu compte que nous avions la même philosophie (mais pas les mêmes jambes !) de partage. J'ai donc tout naturellement accepté de rédiger un article sur le thème des courses solidaires, qui est désormais en ligne.

Courses de printemps 2023

Sunday, 02 April 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Toutes les bonnes choses ont une fin. Malheureusement, ce fut le cas pour La foulée des Baous, une course que j’appréciais particulièrement pour sa cause, sa bonne ambiance, la mobilisation de tout une village et son accessibilité au plus grand nombre. Il faut dire que mener un combat sur un temps long est difficile, d'autant plus quand le COVID passe par là. L'association Longo Trail qui avait repris le flambeau l'année dernière l'a transformée en Trail des Baous. Une épreuve plus difficile avec pas moins de 650m de dénivelé positif sur le parcours de 13km et 2400m sur celui de 42km... Ça fait partie de l'ADN du club, mais ne rentre pas dans mon cadre.

RoureTrail (du camp Romain)

Affiche trail du Rouret

Le dimanche 26 mars 2023 s'est déroulé la première édition du RoureTrail. Les trois formats (9km et 16km + rando 9km) proposent de monter jusqu'au camp Romain situé au dessus du village du Rouret. Les bénéfices serviront à financer du matériel et des sorties scolaires, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que la course est organisée par les parents d'élèves du Rouret. J'y suis allé pour découvrir le chemin jusqu'au camp et ce fut clairement une très belle surprise sur tous les points : le circuit offre une multitude de surfaces (goudron, pierres, sentiers), particulièrement sur le 9km qui est moins "caillouteux" et plus boisé. Les bénévoles sont présents tout au long du parcours, qui est de surcroît extrêmement bien balisé. La descente finale, légèrement technique, fut un vrai plaisir et, cerise sur le gâteau, la brasserie locale CraftAzur a offert une bière (Riviera Pale Ale) à tous les participants ! Même en tant que non amateur de bière, je l'ai trouvé très bonne, rafraîchissante, avec un bon goût de céréales et quasiment pas d'amertume. Une belle réussite donc pour cette première qui a attirée 307 coureurs + 200 enfants + les randonneurs + les joëlettes. Vivement l'année prochaine !

Ascension du col de Vence

Affiche ascension du col de Vence

Ce ne sera plus une surprise pour l'édition 2023, prévue le dimanche 7 mai : les 10km du col de Vence (12km au total) n'offrent aucun répit ! 6% de pente moyenne, soit 620m de dénivelé positif au total. Il faudra donc être en forme et fort dans la tête pour viser l'arrivée. Mais c'est pour la bonne cause puisque les bénéfices seront reversés à l'association France AVC 06.

Retour : Félicitation aux 255 partants (à peine plus que l'année dernière). D'autant plus que les conditions étaient bonnes : couvert, un peu frais, mais pas de pluie ! Pour ma part, j'ai dû déclarer forfait à cause d'une blessure...

Avec pertes et fracas

Sunday, 26 March 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Logo 6 nations

Le tournoi des 6 nations 2023 s'achève. Deux équipes l'ont survolé : l'Irlande et la France qui ont tenu respectivement leur rang de première et seconde nation mondiale (classement IRB). Le niveau est clairement celui que l'on va retrouver dans quelques mois durant la coupe du monde avec les surpuissantes nations du Sud. Les autres participants ? L'Italie, bien qu'en progression (notamment grâce à son intégration dans la ligue Celtes), n'aura fait qu'un seul bon match (comme à son habitude). L’Écosse est montée en puissance, mais reste fébrile. Le rugby Anglais et Gallois se trouve dans la tourmente, tant au niveau national qu'international, notamment avec la défaite historique à Twickenham. Mais ne nous voilons pas la face, La France a beaucoup souffert, avec pas mal de joueurs blessés et un démarrage poussif...

En effet, depuis l'ère Fabien Galthié, le schéma de jeu est clair : une défense de fer, une solidarité exemplaire et des contres attaques fulgurantes. Si, avec un peu de chance, cela a permis de renverser toutes les nations 14 matchs d'affilés, ce n'est plus suffisant. En effet, cette mise en lumière a poussé les autres équipes à bien décortiquer ses forces et faiblesses. Ce qui manque cruellement, et qu'il faudra corriger rapidement, est un plan d'attaque performant, qui ne soit pas basé sur la désorganisation et les exploits individuels. Le fait de balayer latéralement le terrain et de percuter sans cesse l'adversaire, même si exécuté rapidement, ne suffit plus face à des défenses aussi puissantes que celle de l'Irlande par exemple. C'est d'ailleurs un reproche que l'on peut adresser à beaucoup d'équipes du top 10 mondial : il manque clairement de l'intelligence de jeu. Le nombre de lancement préparé, de combinaison au milieu de l'attaque ou même d'une simple croisée se comptent sur les doigts d'une main. On ne pourra que regretter le manque de French Flair des joueurs, qui nous rappelle que le rugby n'est pas qu'un simple match de boxe à 44.

Pourtant, ce qui m'a le plus choqué, dès l'ouverture du tournoi, est le nom des joueurs floqué au dos des maillots. Cela reste très symbolique, mais cette pratique tend à personnifier les acteurs du match au détriment de l'esprit de groupe. Si l'on encense souvent les finisseurs, il ne faut pas oublier qu'il s'agit avant tout d'un travail collectif, tant en attaque qu'en défense. Celui d'un groupe où chacun a des caractéristiques différentes, qui lui permet d'intervenir dans les diverses phases de jeu durant lesquelles il sera plus ou moins à son avantage. Ce sont d'ailleurs surtout les avants qui ferraillent tout au long de la partie, sans forcément être mis en lumière.

D'une manière générale, on peut se réjouir de l'évolution de ce sport depuis la professionnalisation des équipes (95-2000). Les règles tendent à préserver la santé de joueurs et à favoriser le jeu rapide. Il y aura bien sûr toujours des râleurs pour dire que c'était mieux avant. Ceux-là ne sont pas morts à 50 ans d'une maladie neuro dégénératives... Car c'est la face cachée d'un sport qui expose les joueurs à des situations potentiellement dangereuses. Les instances essaient de cacher cette face sombre, notamment en étouffant la parution du livre Ce rugby qui tue (de Jean Chazal, 2019). Mais le terrible accident de Matthias, 17 ans, désormais tétraplégique, n'a pu être masqué par une fédération elle-même dans la tourmente. Si la solidarité, l'humilité et l'abnégation sont souvent mis en avant, c'est avant tout pour répondre à l'agressivité et l'engagement dont il faut faire preuve. Au niveau scolaire, les éducateurs essaient d'éviter ces situations dangereuses en favorisant le mouvement et la prise d'intervalle plutôt que l'affrontement frontal. Toujours est-il que si l'évolution est globalement positive, l'engouement populaire qu'il soulève depuis une dizaine d'années a fait monter les enchères financières à tous les niveaux (du club jusqu'à l'équipe nationale). Ce besoin d'être ultra compétitif requiert des investissements de plus en plus importants, au détriment des valeurs de base qui ont longtemps fait de ce sport un exemple. Le maillot national est désormais entaché d'un sponsor. Les fonds d'investissement prennent des parts dans les équipes nationales. Certains stades sont eux-mêmes sponsorisés. Des joueurs populaires font de la publicité à la télé. Les salaires explosent, autant que le montant des paris sportifs, des droits TV et des cachets de publicité. C'est le revers de la médaille, qui nous rappelle que l'on n'est jamais loin de tomber dans les dérives du ballon rond (celui que l'on tape au pied)...

Scandale sanitaire à Paris

Monday, 20 March 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Scandale sanitaire à Paris : les rats pullulent sur les montagnes de poubelles qui jonchent la capitale. Ces derniers n'ont jamais vraiment eu bonne presse dans notre société. Ce muridé est considéré comme ravageur des cultures et comme porteur sain de dangereuses maladies (dont la fameuse peste bubonique). On l'associe donc à un environnement malsain, mais c'est oublier qu'il agit également comme nettoyeur ! Et surtout, en tant de disette, comme lors du siège de Paris par les Prussiens en 1870, il était même proposé à la carte des restaurants ! C'est également un des sujets vivants plébiscités par les chercheurs pour leurs expérimentations. En astrologie Chinoise, le rat est le symbole de la mesquinerie/intelligence. Il peut également être associé à l'argent ou au commerce.

Mais revenons à notre actualité. Parmi ces nouvelles, laquelle est (la plus) scandaleuse :

Les deux premières sont éminemment politiques et chacun jugera de leur pertinence. Par contre, la troisième a de quoi faire peur. Surtout si on prend en compte le fait que le ramassage des ordures n'est suspendu que partiellement (au moins dans la moitié des arrondissements). En extrapolant un peu, on peut considérer que dans Paris, l'on génère 2000 tonnes de déchets par jour... Soit environ 1kg/jour/habitant ! Bien sûr, pour être tout à fait précis, il faudrait prendre en compte toutes les personnes travaillant à Paris, ainsi que les touristes. Mais je pense qu'en ordre de grandeur, on n'est pas très loin du compte. Ne portons pas gage uniquement aux Parisiens, tous les foyers contemporains produisent des déchets à un niveau plus ou moins égal. Le non ramassage des ordures est un moyen de pression très fort, ce n'est pas donc pas une surprise d'apprendre que la Camorra (mafia Napolitaine) en a fait une de ses spécialités

Il faut dire que la poubelle a ça de pratique : elle disparaît (ou pas) tous les jours, rendant notre environnement immédiat "propre". Malheureusement, derrière cet objet si pratique, il y a toute la problématique de la gestion des déchets. Déchets que l'on pourrait classer en trois catégories principales :

  • Déchets alimentaires végétaux
  • Déchets alimentaires issus de produits animal
  • Déchets ménagers

Tous sont réunis dans un même container pour être traités "comme on peut" : incinération ou enfouissement... Et quel gâchis en ce qui concerne les déchets végétaux. Ces derniers sont de vraies ressources organiques qui, s'ils étaient triés, permettrait d'alimenter les animaux d'élevage, de produire des engrais naturels ou encore être mis dans des cuves de méthaniseurs. Il y a d'ailleurs une loi publiée en septembre 2022 qui impose que Tous les ménages devront pouvoir trier leurs déchets alimentaires à partir du 1er janvier 2024, soit dans 9 mois... Malheureusement, aujourd'hui RIEN n'est fait pour se mettre en accord avec cette directive. D'autant plus que ce genre de "déchets" produisent de gros volumes et ne sont pas vraiment combustibles. Les ré employer allègerait la charge de beaucoup de monde.

Concernant les produits animal, ce sont les "pires" en terme sanitaire, car les bactéries s'y développent rapidement (surtout en période de chaleur). Ce sont également les plus odorants du fait de la putréfaction des chairs.

Reste les déchets ménagers. On retrouve principalement des produits à base de plastique. Même si nous nous donnons bonne conscience en pratiquant le "recyclage", la réalité est bien moins reluisante. Les matières que l'on recycle réellement sont le verre et l'aluminium. Mais ils nécessitent beaucoup d'énergie afin de les faire fondre et re créer ... les mêmes contenants ! Papier et cartons se recyclent moins bien, car les fibres se détériorent, mais ils peuvent (avec de la chimie) avoir une seconde vie. Malheureusement, le plus gros reste les emballages plastiques présents PARTOUT. Il s'agit d'une bombe à retardement qui contamine petit à petit toute la planète (et notamment les pays pauvres). Même si l'on en traite une petite partie, la plupart finit brûlée (et ce qui n'est pas complètement calciné est disséminé par le vent dans les fumées) ou enfoui (dégradation : plusieurs centaines voir milliers d'années).

La production de déchets est donc un mal tout aussi important que les autres pollutions (air, eau, sols...), mais l'on y est moins sensible du fait qu'elle ne soit pas directement sous nos yeux.

Pourtant, il y a quelques actions simples pour la limiter (liste non exhaustive) :

  • Éviter absolument de consommer "à emporter" (véritable fléau en terme de déchets)
  • Se fournir dans des magasins de vrac en apportant ses propres contenants
  • Réutiliser ses contenants le plus possible (exemple : ré utiliser le sachet du pain, apporter une boîte chez son poissonnier, son boucher, son primeur, sa crémerie)
  • Avoir un sac sur soi pour les imprévus
  • Éviter de consommer des produits transformés (utiliser des produits de base pour cuisiner ses repas)
  • Composter ses déchets alimentaires
  • Consommer moins de produits animal (qui sont en général emballés de manière hermétique)
  • Privilégier les petits producteurs/commerçants qui accepteront plus facilement nos récipients
  • Éviter les commandes en ligne et leur utilisation massive de carton/sur emballage
  • Faire attention même quand on est en dehors de chez soi (entreprise, vacances...)

En prenant un peu de recul, on se rend compte de l'impact causé par l'éloignement (voir de la rupture) entre les producteurs et les consommateurs. Cette séparation crée artificiellement la nécessité des contenants intermédiaires à usage unique, largement manipulés par les distributeurs. L'essor du plastique a ainsi permit à toute l'industrie agroalimentaire de se développer. Si, pour le moment, chacun y trouve son compte (producteurs, intermédiaires, consommateurs), ce n'est pas une solution pérenne sur le long terme. Et encore, je n'ai pas évoqué la situation des autres déchets (électronique en tête). Sans changement des comportements, il faudra bientôt payer l'addition, qui risque d'être très salée (voir même acide).

Fuji X-T3 (Partie 2)

Sunday, 12 March 2023
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Écrit par
Grégory Soutadé

Partie 1

L'introduction d'éléments électroniques dans les boîtiers photographiques a vraiment révolutionné le genre. Notamment l'auto focus (pour prendre des photos avec les bons paramètres) et l'enregistrement sur une mémoire flash (afin d'avoir plusieurs clichés et de ne sélectionner que les bons), mais aussi le viseur et l'écran pour avoir un retour immédiat. Depuis plus de 20 ans et l'apparition des premiers reflex, le matériel n'a cessé de se perfectionner, de se miniaturiser, devenant ainsi accessible pour un très large public. On peut désormais obtenir de très bon résultats avec la plupart des appareils, sans n'avoir aucune connaissances des techniques de photographie. Et que dire des multiples modules photos embarqués dans les smartphones photophones, devenus un critère majeur de sélection (à défaut de vraie révolution dans les télécoms) ?

Que de chemin parcouru donc depuis les prémisses technologiques du XIXe siècle, dont celles du Grassois Charles Nègres et de son procédé de gravure héliographique avec passage dans un bain d'or. La toute nouvelle médiathèque nichée au cœur du centre ville de Grasse, non loin de sa maison natale, porte d'ailleurs son nom. Il existe également un musée de la photographie "Charles Nègre" sur le cours Saleya à Nice.

Cette révolution nous amène à nous questionner sur notre rapport à l'image. En tant que consommateur d'abord. Dans notre société majoritairement tertiaire et citadine, nous sommes constamment assaillit d'images. Notre environnement n'est qu'une suite de pictogrammes que nous décodons à longueur de journée. La démocratisation des écrans, notamment des smartphones, couplée à un accès "illimité" à internet pousse à la recherche constante de nouveauté, au traitement de grandes quantités de données (du texte, de l'image et des vidéos), ce qui a pour effet pervers de diminuer fortement notre capacité de concentration sur un temps moyen/long. C'est encore plus catastrophique pour les jeunes génération dont le cerveau est encore en formation. L'attrait pour les formats courts (style "shorts" ou Twitter) n'en est que la triste démonstration. Chaque contenu étant l'équivalent d'une dose de sucre cérébrale, que le cerveau réclame en permanence. L'effet hypnotique est encore plus fort avec le défilement continu qui s'est généralisés sur la plupart des plateformes. Le comble étant les notifications en temps réel. Elles nous préviennent de quelque chose de nouveau, et on ne résiste pas à l'idée d'aller voir, même si l'on est déjà sur une autre tâche.

En tant que producteur également : aujourd'hui, tout le monde est capable de capturer des images. Je dirais même que les gens ont l'habitude de tout capturer, tout le temps ! Cela est induit par la facilité à capturer, l'envie de partager en direct les moments de sa vie et le coût nul que cela représente. Ce coût est en réalité masqué par les start-up de la tech qui lèvent des milliards pour financer des serveurs hébergeant nos données dans l'espoir de se faire racheter à prix d'or grâce à leur base d'utilisateurs, ou de vendre directement de la publicité/des profils publicitaires, ainsi que les télécoms qui investissent massivement dans les infrastructures. On assiste ainsi à une avalanche de contenus, pour la plupart inutiles, générant énormément de pollution invisible. D'autant plus que dans cette mode, il n'y a hélas plus de notion de recherche d'esthétique ou du fait de capturer des moments importants, il s'agit simplement une facilité dont on abuse. D'un autre côté, nous avons une tendance naturelle à ne montrer que les beaux clichés. Le risque psychologique afférent est de ne mettre en lumière que les bons côtés de notre vie, sans voir ce qui est "hors cadre", et ainsi attise la jalousie et l'impression que tout est parfait chez les autres.

Notre rapport à l'image fortement évolué avec le numérique : on ne peut plus faire confiance à une image comme étant authentique. Les logiciels de post traitement sont extrêmement puissants et peuvent complètement transformer ce que l'on voit (d'où l'utilité d'avoir énormément de pixels). Les filtres sont, malheureusement, devenus une étape obligatoire avant la publication. Même au niveau de la technologie de capture : il est biaisé de parler de photographie quand on utilise un smartphone à multiples capteurs. Il faudrait plutôt parler d'image recomposée, augmentée de filtres numériques qui donnent un résultat que l'utilisateur est censé attendre. Il n'y a au final que peu de matière optique dans toute cette chaîne. D'autant plus que la qualité s'effondre rapidement quand les conditions d'éclairage se dégradent.

Le média sur lequel l'on consomme de l'image joue énormément sur son appréciation. La plupart du temps, il s'agit d'écrans relativement petits. Écrans qui ont ce côté pratique de masquer les défauts. Malheureusement, on passe souvent à côté de plein de détails : les petits objets, les dégradés, les fondus sont balayés sans que notre cerveau ne s'y arrête. Cet effet est renforcé en fonction de la qualité dudit écran et des conditions de luminosité extérieures. Le résultat des smartphone est souvent trompeur pour ces raisons. Il suffit de zoomer ou de passer sur grand écran pour s'en apercevoir. Le papier (même glacé) offre une plus large surface, rendant le visionnage plus agréable, mais il n'a pas forcément un rendu fidèle des couleurs. En réalité, rien ne vaut un tirage grand format sur du papier photo avec un bon éclairage et suffisamment de recul pour admirer le cliché. Mais c'est le genre d'œuvre que l'on ne peut admirer que dans des expositions photographiques dédiées vu con coût unitaire et la place nécessaire pour le mettre en œuvre.

Petit exemple avec ce cliché datant de décembre 2022. Si on passe outre le fait que ce jeune homme est particulièrement séduisant (merci le N&B de gommer les petits défauts) et que l'on analyse cette photo en détail, on se rend compte de multiples aberrations.

Le contexte d'abord : la photo a été prise en intérieur, en milieu d'une après-midi ensoleillée, avec une fenêtre dans le dos (orientée Est). La luminosité, sans être catastrophique, était correcte. L'appareil utilisé est le Oppo A54 5G, un appareil milieu de gamme sorti mi-2021. Le module photo est composé de 4 capteurs dont le principal de 48M pixels, un grand angle, un macro et un capteur de proximité. À titre de comparaison, le capteur de mon X-T3 ne fait "que" 26M pixels. Première surprise quand on regarde les informations de la photo : elle ne fait que 12M de pixels. C'est parce-que, dans ces conditions, l'appareil est passé en mode pixel binning où il va fusionner 4 pixels adjacents en 1 seul. La forte compression JPEG joue également, car le fichier ne fait que 2MB, soit cinq fois moins que sur mon appareil, ce qui dégrade le fichier en qualité "moyenne".

Pourtant, c'est une photo très réussie quand on la regarde rapidement sur le téléphone. Mais, si l'on zoom, on s'aperçoit que le flou est totalement artificiel. Sur la zone des cheveux par exemple, le détourage est carrément raté. Au niveau de l'épaule, on observe qu'il s'agit d'un flou d'une piètre qualité et absolument pas progressif. Au niveau du col, on peut noter la coupure entre partie nette et floue, alors que le cou est totalement net. Finalement, sur le pull (blanc écru), on distingue trois zones coupées "à la hache" : la partie gauche avec un flou fort, la partie en haut à droite nette et la partie en bas à droite avec un flou moyen.

Conclusion, il faut aller au delà du pipeautage marketing sur le nombre de pixels, car ce qui est le plus important en optique est le couple taille et qualité, des lentilles et du capteur. Les petits objectifs de nos téléphones avec des capteurs miniatures trouveront rapidement leur limite malgré les évolutions technologiques.

Dans un contexte plus traditionnel, il existe de nombreuses façons de pratiquer la photographie. Il n'y en a pas forcément une meilleure que l'autre, tout dépend de ce que l'on souhaite obtenir. De plus, il est possible de passer de l'une à l'autre selon les opportunités. Dans la plupart des cas, on cherche soit à obtenir une image totalement nette (reportage journalistique, reportage animalier, magazines, paysage) ou bien avoir un sujet qui se détache du fond avec un effet bokeh plus ou moins poussé (portrait). On règle dans ce cas le boîtier en mode tout auto et on attend de lui un autofocus rapide. La qualité du matériel est le critère le plus important.

On peut également se placer dans un contexte plus artistique. Mettre en scène un modèle, travailler le décor, la tenue, jouer avec la lumière, le cadre, le point de vue, la colorimétrie. C'est quelque chose de très intéressant et qui ne nécessite pas de matériel de dernière génération, mais plutôt l'œil artistique, et surtout de pouvoir intervenir sur les tous paramètres de son appareil : focale, ouverture, temps de pose...

Après la réception de mon fuji, j'ai eu l'occasion de m'exercer via une longue série de photos sur le thème "Couleurs & lumière", ce qui m'a permit de tester beaucoup de paramètres de mon boîtier et de comprendre comment chacun influe sur le résultat. C'est une expérience à la fois enrichissante et amusante. Personnellement, j'aime beaucoup jouer avec la lumière naturelle et mettre en valeur un modèle.

Par exemple, sur ce cliché, le point est fait sur le modèle, mais j'ai réduit l'ouverture jusqu'à ce que le sujet soit totalement sombre et obtenir ainsi un effet de contre-jour où se dégage une silhouette avec de jolis dégradés (sur l'épaule, les mains, le lit). Ce rendu, sans aucun traitement, est impossible à obtenir en mode automatique.

Chat dans un Olivier

Un deuxième exemple tiré de la série "Chats en N&B", cette fois tout en automatique et avec le fujinon xf35. J'ai profité d'une lumière de fin d'après-midi d'hiver un peu froide. La transformation en N&B est appliquée directement par le boîtier. On appréciera l'écorce de l'olivier et la sérénité du chat. Au passage, photographier des animaux est une vraie galère, ils ont une fâcheuse tendance à se barrer (quand ils n'ont pas peur de l'objectif)...

Chat dans un Olivier

On peut également admirer le cliché (toujours avec le xf35) prit au même endroit avec une lumière matinale. Pour le coup, j'ai dû baisser la luminosité avec Gimp.