La réponse est simple : non
Il existe une injonction sociétale forte : il faut transpirer pour faire fondre la graisse ! On assiste ainsi à des situations aberrantes comme faire du sport dans un sauna ou emmitouflé dans des vêtements étanches. La raison ? Pour perdre du poids, il faut (entre autre) faire du sport, et quand on fait du sport, on transpire. Donc, plus on fait de sport, plus on transpire... Mais ça ne veut pas dire que quand on transpire on diminue sa masse graisseuse ! Et pour cause, si on regarde la composition de la sueur, il n'y principalement que de l'eau et des minéraux. C'est pourquoi, transpirer ne fait perdre que de la masse d'eau (qui sera rapidement récupérée). Au passage, une transpiration excessive pendant l'activité physique contribue à la déshydratation du corps, elle est donc néfaste.
Alors ça ne sert à rien de faire du sport pour perdre du poids ? Eh bien si ! La bonne question est pourquoi transpire-t-on ? La transpiration est un phénomène particulièrement développé par l'espèce humaine afin d'assurer la thermorégulation interne (elle peut également être induite par une source de stress). Autrement dit, elle permet de conserver une température interne d'environ 37°C, température optimale pour le bon fonctionnement des organes. Quand cette température augmente (chaleur extérieure, activité physique, fièvre...), le corps va se mettre à produire de la sueur pour évacuer l'excès de chaleur. Dans notre cas, lors d'un exercice physique, les muscles vont avoir besoin de sucre (glucose ici) pour effectuer des contractions. S'il n'y a plus de sucre rapide disponible (dans le sang), le corps va métaboliser ce sucre à partir des réserves de graisse. Cette consommation de sucre n'est pas neutre puisqu'elle produit de la chaleur, mais également de l'eau, du C02 et éventuellement de l'acide lactique. Vouloir transpirer à tout prix est donc contre productif, d'autant plus que la chaleur diminue les performances musculaires, et qui dit moins de performance, dit moins de sucre/graisse consommé.
Une autre idée contre-intuitive ou tout du moins très désagréable : pour perdre de la masse graisseuse, il faut avoir froid ! Car la transpiration n'est pas le seul phénomène de thermorégulation. Quand le corps se trouve dans un environnement froid, il va libérer des hormones pour augmenter le métabolisme global. Stimulées ainsi, les cellules vont consommer plus d'énergie, ce qui fait augmenter la température interne ! Il est donc préférable de pratiquer son activité en tenue relativement légère. On pourra toutefois protéger spécifiquement les extrémités (mains, oreilles, gorge, nez) qui se refroidissent plus vite.
À partir d'un certain niveau d'entraînement, le froid devient l'allier du sportif par un double phénomène de diminution de la chaleur interne permettant aux muscles de continuer leur effort à un niveau élevé (refroidissement externe) et en ayant un effet anesthésiant. Le premier paramètre définit la température optimale de l'activité, température qui dépend du type d'activité, du sexe, de l'âge et du niveau d'entraînement. Personnellement, pour de la course à pied, je suis passé de 18°C-20°C à 14°C-15°C au fil des années. Quant au deuxième, l'effet anesthésiant, il se trouve dans des températures encore plus basses (de l'ordre de 8°C pour moi). Si les premières minutes ne sont vraiment pas agréables, une fois que l'ensemble du corps est chaud (~5 minutes), on ne prête plus attention à la masse d'air que l'on transperce. Il faudra toutefois être vigilant à réaliser un échauffement préliminaire digne de ce nom (ou commencer très progressivement). En dessous de ~7°C, les muscles commencent à être tétanisés et la montée en température est beaucoup plus longue, ce qui induit une contre performance. Un muscle froid est rigide : moins performant, moins mobile, il amortit moins les chocs. Le risque de blessure est donc plus important. Il faut également ajouter qu'à ce niveau de température, l'air froid "brûle" les poumons. En réalité, les voies respiratoires se rétractent et s'irritent à cause du manque d'humidité. L'oxygénation est donc de moins bonne qualité. Quoi qu'il en soit, une fois la sortie terminée, il faut se débarrasser rapidement de ses vêtements humides (préférez les vêtements "techniques" à ceux en coton), et aller dans un endroit chaud et abrité, car la température du corps diminue rapidement. La température extérieure n'est pas le seul critère à prendre à en compte : il faudra adapter son équipement en fonction de l'intensité et du type de l'activité, du vent, de l'humidité, de l'ensoleillement, du terrain...
Aparté : Pour perdre du poids, l'idéal est de pratiquer une activité sur un temps long (1h à 3h) et à un niveau d'intensité compris entre 60% et 75% de ses capacités, soit entre le début et le milieu de sa zone d'effort. Le tout 2 à 3 fois par semaine minimum. Le niveau d'effort est surtout quelque chose que l'on ressent quand on est habitué à pratiquer. Il faut ajouter à cela un régime alimentaire correspondant à ses propres besoins énergétiques. Typiquement, il est inutile de manger trois carottes bouillies (ce qui n'est d'ailleurs plus recommandé), car un régime trop sec stresse le corps, qui fera par la suite le plus de réserve possible. Le gras (notamment végétal) en quantité raisonnable est conseillé. La seule chose à fuir ABSOLUMENT est le sucre, véritable poison des temps moderne (et notre mauvaise habitude de prendre systématiquement un dessert et/ou une boisson). Mais c'est une démarche qui reste très personnelle et qui devra être adaptée à chacun.