Barcelone est une ville tout en contraste. Avant d'être la seconde agglomération d'Espagne, elle est surtout la capitale de la communauté autonome de Catalogne. Région qui possède une identité forte, propre aux gens du sud, à la fois fière et indépendante. Fierté jusque dans la langue, puisque le Catalan est la seconde langue officielle avec l'Espagnol (le Castillan), même si elle est préférée à cette dernière. Il n'y a d'ailleurs que deux religions en ces terres : Dieu via la Sagrada Família et le (FC) Barça ! Si le second ramène principalement les fans du ballon rond (et ils sont nombreux), c'est surtout la première qui déverse chaque jours quantité de touristes venus du mon entier.
En effet, la reconnaissance actuelle de Barcelone trouve ses origines au début du XXe siècle quand les riches industriels sont sortis des murs fortifiés de la vieille ville pour construire des immeubles bourgeois aux façades richement travaillées. Cette "nouvelle ville" est organisée par îlots carrés tels que définit par le plan Cerdà. Le point d'orgue du développement de Barcelone est le projet de construction d'une église dédiée à la Sainte Famille (Saint Joseph, la Vierge Marie et Jésus) : la Sagrada Família ! Initialement modeste, le projet change de dimension avec la proposition du jeune architecte Antoni Gaudí qui dessine les plans d'une cathédrale dans un style dont il est l'initiateur : le néo gothique (ou art moderne). L'alliance d'un financement important, de techniques d'architectures et de constructions "modernes", ainsi que de l'extravagance de l'architecte en chef ont permis de démarrer la construction d'une œuvre pharaonique, aujourd'hui la plus visitée d'Espagne bien qu'elle soit encore inachevée. Une œuvre tellement grande que Gaudí lui-même avait conscience qu'il ne la verrait pas de ses propres yeux. Il y est d'ailleurs enterré. S'il n'y avait qu'une seule chose à voir, ce serait bien cet édifice de (bientôt) 172m de haut !
Mais, avant d'y consacrer entièrement les dernières années de sa vie, l'architecte aura mené plusieurs projets dans son style caractéristique, comme le parc et le palais Güell, diverses casas dont Batlló et Milà, ainsi que d'autres collèges et palais.
L'effervescence des arts modernes de ce début de siècle se retrouve également via la peinture, avec des artistes espagnols majeurs qui ont étudié et résidé à Barcelone, à savoir Pablo Picasso et Joan Miró. De cette époque dorée, la capitale en a gardé un esprit culturel fort, avec nombre d'artistes conventionnels ou de rue et d'artisans que l'on peut trouver dans le quartier d'El Born. Il faudra hélas bien chercher afin de trouver des produits artisanaux de qualité face aux torrents de produits bas de gamme destinés aux touristes. Il est également amusant de noter une certaine attirance vestimentaire "rétro", avec plusieurs boutiques de première et seconde main (dont certaines vendent les vêtements au poids). À côté des tapas, de la sangria et de la paella, l'autre spécialité Catalane est le torró/nougat.
La réputation de Barcelone est également fondée sur l'aspect festif (notamment sur la Rambla). L'on retrouve ainsi d'innombrables bar (à tapas), mais aussi beaucoup de restaurants étoilés, et une certaine propension à vivre la nuit. Ce constat se matérialise avec des lignes de métro relativement fluides en semaine, mais qui commencent à se charger dès le vendredi, pour fonctionner non stop tout le dimanche ! On pourra saluer les investissements importants dans tout les réseaux de transport urbain : 12 lignes de métro ! Un métro toutes les 2 à 5 minutes pour les lignes les plus fréquentées. Il y a également 300km de pistes cyclables ! Cela ne suffit malheureusement pas à subvenir aux besoins des presque 1,7 million d'habitants, car la circulation automobile y est (malheureusement) omniprésente, occasionnant de nombreuses nuisances sonores et pollution atmosphérique. C'est encore plus flagrant en prenant de la hauteur, on peut alors apercevoir un nuage de pollution qui flotte au dessus de la ville (lorsque celui-ci n'est pas chassé par l'air marin). Pour s'échapper de la foule et du bruit, dont on arrive rapidement à saturation, et trouver un peu de calme, il faudra se tourner vers les jardins de la butte de Montjuic.
Cet air marin salvateur permet de contenir des températures de plus en plus importantes, même s'il n'arrive pas à cacher l'évidence du réchauffement climatique et les sécheresses inhérentes. La municipalité a de ce fait coupé toutes les fontaines ornementales qui font pourtant parti des attractions touristiques. Les fontaines d'eau potables restent néanmoins encore en fonctionnement, même si l'eau de ville est de piètre qualité gustative. De cette culture de la chaleur, Barcelone possède une urbanisation qui compte soit des ruelles étroites, soit des rues et avenues plus larges mais bordées d'arbres. On peut donc toujours trouver un coin d'ombre où se réfugier ! Pourtant, les habitants sont trop habitués au confort. Ainsi, la climatisation excessive est utilisée à outrance, parfois même en laissant les portes des magasins grandes ouvertes...
Avec autant de points fort, la ville possède un pouvoir d'attraction élevé, notamment d'un point de vue touristique, puisque pas moins de 23 millions de personnes se pressent chaque année dans ses rues. Elle jouit d'ailleurs d'une grande popularité chez les touristes asiatiques. Il est donc important de réserver ses visites à minima 24h à l'avance. Le fait d'avoir plus de touristes que d'habitants génère parfois des tensions avec les locaux (encombrement, hausse des prix, dégradations...). D'autant plus que Barcelone est déjà une des villes les plus densément peuplées d'Europe avec plus 16 000 habitants par km2 (et s'étend de manière continue en absorbant les communes alentours). Pour autant, elle s'adapte à ce gigantesque potentiel économique avec des services et commerces ouverts sur de grandes plages horaires. Les forces de l'ordre y sont d'ailleurs très strictes et tournent régulièrement un peu partout (même dans le parc Güel à scooter/moto et sur la plage avec des buggy !). Si ce n'est les tags excessifs dans certaines quartiers, la ville est propre.
Mais, derrière cet éloge du consumérisme moderne et les riches façades des bâtiments, se cache une réalité plus prégnante. À quelques rues seulement du quartier bourgeois de l'Eixample, la partie ouest abrite le port, ainsi que de nombreuses industries lourdes. Le niveau de vie de la classe ouvrière y est beaucoup plus faible, alors que Barcelone est une ville plutôt onéreuse. Y vivent en général les grandes communautés asiatiques (Inde, Pakistan, Chine, Philippine) et Sud Américaine.