Après un brin de nostalgie, regardons maintenant vers l'avenir. La société évolue sans cesse, de nouvelles tendances apparaissent, d'autres se perdent. Il y a 5/6 ans (quand j'étais encore à l'école), lors d'un jeu de gestion d'entreprise, l'intervenant nous avait dit "Ajourd'hui, il faut être vert. Si vous n'êtes pas vert, vous êtes morts !". En effet, c'était le début de la popularisation du mouvement écolo. Aujourd'hui nous sommes en plein dedans. D'ailleurs, beaucoup de personnes ne jurent plus que par le bio : nourriture, boissons, vêtements, produits de beauté, éducation ...
Décliné 100 fois sur le poste de télé, la cuisine revient elle aussi au goût du jour. La crise augmentant l'effet de "je le fais moi-même". Fini le plat surgelé que l'on réchauffe au micro onde. Fini le sandwich que l'on avale entre midi et deux. Il faut du beau, du bon, du goût ! On ne veut plus de ces produits industriels aux mille colorants, conservateurs, exhausteurs de goûts, huiles hydrogénées. Retournons aux bases, aux bonnes tartes aux pommes de maman, au cassoulet de mamie (dont la recette est transmise de mère en fille depuis dix générations).
Au carrefour de ces nouvelles tendances, se trouve le monde agricole. En effet, pour faire de bons plats, il faut d'abords de bons ingrédients ! On ne veut plus de l'oligarchie des grands groupes de distributions qui inondent le marché de tomates espagnoles qui ont mûries pendant le voyage. Il faut consommer local et bio ! (Tous derrière. Tous derrière. José Bové !) Pour répondre à cette demande, on avait déjà les marchés (paysans) et les coopératives agricoles. Pourtant, depuis les années 2000, il y a une explosion des AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) : le consommateur s'engage à acheter chaque semaine un panier de fruits et légumes à un prix définit à l'avance. Le contenu du panier varie au cours de l'année (produits de saison). Le producteur, qui n'est plus soumis à la pression des industriels, est ainsi assuré de vendre sa production (donc de vivre) à un prix correct (il n'y a plus d'intermédiaire) et le consommateur d'avoir des produits frais et de bonne qualité tout au long de l'année.
Dans le modèle de l'AMAP, le consommateur ne choisit pas ce qu'il va recevoir. On s'éloigne du modèle classique capitaliste (càd : c'est le consommateur qui influe sur le marché). Il y a donc un créneau intermédiaire à prendre. En 2011, née la société "La Ruche qui dit Oui !" : on conserve le principe d'un circuit court (du producteur au consommateur), mais c'est au consommateur de passer commande. Si le producteur a assez de commande, il livrera ses produits à la "ruche" (qui a dit oui !) où les consommateurs viendront les chercher. La société "La Ruche qui dit Oui !" s'occupe, quant à elle, de proposer une plateforme technique d'achat/vente (gestion des commandes et des factures) et de mise en relation entre tous les acteurs via internet. Elle déporte la logistique (donc la complexité) sur les ruches. Les ruches sont crées à l'initiative des utilisateurs, ce sont des entreprises (SA, SARL, auto entrepreneur, association, ...) qui s'occupent de gérer un local et du bon fonctionnement de la distribution.
Le modèle est moins "social" qu'une AMAP. En effet, chaque ruche touche 10% de commission sur l'ensemble des transactions hors taxe (il faut bien rémunérer le travail) et "La Ruche qui dit Oui !" touche elle aussi sa commission (8.5% selon wikipedia), dont une partie sert à utiliser le système de porte monnaie électronique (technologie de la société Tunz). Néanmoins, le concept n'est pas limité aux produits de base, on y retrouve aussi toute sorte de produits transformés (confiture, fromage, huile d'olive...). Finalement, cela s'apparente plus à un marché via internet qu'à une AMAP.
Reste à voir si le concept (intéressant) est viable sur le long terme : actuellement 312 ruches actives, contre 150 en 2012 (même si certaines des 350 ruches en constructions (2012)) ont avorté). Pour fonctionner, il faut de gros moyens marketing, c'est le plus gros défit pour "La ruche qui dit oui !". S'ajoute aussi le problème des commissions (on retrouve plusieurs acteurs), ainsi que le fait de devoir créer une structure légale pour monter une ruche (vive les joies de l'administration française). Structure liée sous contrat, qui devra assumer une disponibilité hebdomadaire (quelques heures) et gérer les potentiels problèmes. De plus, le monde agricole est peu habitué à vendre via internet. Souhaitons leurs quand même du succès, le fond du projet est avant tout que chacun y trouve son compte !