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Quinze ans !

Monday, 04 August 2025
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Écrit par
Grégory Soutadé

Encore un pallier de franchi pour le blog ! Quinze années de présence continue en ligne, c'est une belle réussite. Pour fêter ça, j'ai sorti mon éditeur favoris et ajouté un mode sombre ! Qu'est ce qui me motive encore à tapoter sur le clavier après tout ce temps ? Je pourrais naturellement citer le goût d'écrire des articles ainsi que l'envie de mettre en lumière ce que l'on ne trouve que trop peu ailleurs (ou même pas du tout). D'ailleurs, si je devais définir mes sections préférées, je dirais que ce sont celles qui racontent des histoires, qui exposent des points de vues argumentées. Viens ensuite la section balade et, de manière générale, chaque article qui contient des photos jolies/artistiques. Côté statistiques, la réalité est plus mitigée : ce sont les articles techniques (surtout en Anglais) qui sont le plus consultés.

Comme pour beaucoup de créateurs, la fréquentation est source de motivation. Quand elle est importante, on se sent redevable moralement vis-à-vis d'un public d'inconnus, sans pour autant qu'il n'y ait eu ni contrat, ni transaction financière. Ce qui nous pousse à produire plus de contenu. Même si j'ai une toute petite base de lecteurs réguliers, je constate qu'il y a globalement moins de connexions sur le blog (le trafic est principalement dirigé vers la forge). De ce fait, j'avoue avoir écrit un peu moins d'articles cette saison, après 2 années plus intenses. Néanmoins, cette baisse ne démotive pas le marcheur/coureur qui est en moi : il faut continuer à avancer même si le chemin est difficile. Car je rédige avant tout pour moi mon plaisir. Et quel plaisir de pouvoir se re plonger dans mes anciennes publications lorsque je recherche une information. Je suis souvent étonné et ravi de re découvrir ces bouts de texte et d'images, un peu comme s'ils avaient été écrits par quelqu'un d'autre. C'est l'avantage du blog par rapport aux plateformes en flux continu : les articles sont référencés et facilement accessibles des années plus tard !

Concernant le bilan de l'année écoulée, et bien c'est malheureusement la guerre qui tient le haut de panier. Le petit poucet Ukrainien résiste encore et toujours à l'envahisseur, qui ne cesse de grignoter du territoire de toutes pars malgré le coût humain faramineux. Il n'est désormais plus rare d'entendre voler dans le ciel plusieurs centaines de drones chaque nuit (avec un pic de 700 le 8 juillet). De son côté, Kiev ne se démonte pas et réplique également avec des drones (des cibles sont régulièrement touchées sur tout le territoire russe) car c'est le meilleur moyen pour supporter son infériorité numérique. L'Oblast russe de Koursk a été totalement "libéré" (notamment grâce aux soldats Nord Coréens) et ne peut plus servir de monnaie d'échange. La russie s'est même payé le luxe d'ouvrir deux nouveaux fronts dans le Nord (Soumy) et l'Est du pays (Kharkiv). Heureusement, parmi toutes ces mauvaises nouvelles, le nœud stratégique que constitue Pokrovsk tient toujours. Longtemps chancelant, le soutien Américain semble avoir repris (pour combien de temps ?). Non loin de là, c'est Israël qui continu de frapper tous ses voisins, dans une guerre visant l'anéantissement du Hamas (et le maintien au pouvoir de l'actuel premier ministre), quelles que soient les pertes civiles. Il s'agit clairement de crimes de guerre, voire carrément de génocide si on ne regarde que la bande de Gaza. Après 1 an et demi de blocus total et une famine qui s'installe de plus en plus durement, les nations occidentales commencent à réagir, même si le soutien Américain reste entier.

Avec ce genre d'actualité, on ne parle plus beaucoup d'écologie. Pourtant, la terre souffre toujours autant et de manière très évidente : inondations en région Parisienne, vague de chaleur hors normes pour un moins de juin (36°C dans le nord de l'Europe), nouvelle vague prévue début août. Pour compléter un tableau déjà bien noir : Les cadeaux empoisonnés du président Macron se retournent désormais contre les Français. Il était fier de déclarer le quoi qu'il en coûte pendant la pandémie. Tout autant que de supprimer la taxe d'habitation (20 milliards d'euros par an sur les 44 qui manquent au budget actuel) afin d'augmenter le pouvoir d'achat. Résultat, même dans un contexte de taux d'intérêts historiquement bas, la dette a explosée depuis 2020 : quasiment 500 milliards d'euros supplémentaires, dépassant ainsi le seuil symbolique des 100% du PIB ! Mais comme il est tabou de prononcer le mot "impôt", histoire de ne pas faire fuir les électeurs, il envoie ses premiers ministres successifs se casser les dents lorsqu'ils doivent élaborer un budget censé redresser les finances du pays. Quelles sont les solutions proposées ? Détruire les services publics déjà à bout de souffle, supprimer des "niches" (économies de bout de chandelle). Pire encore, supprimer des jours fériés : autant dire annihiler la culture et la mémoire pour récolter quelques maigres cotisations extraordinaires ! Ils détruisent le pays sur le long terme, mais aucun d'entre eux n'a les courage de prendre les vrais décisions et d'augmenter les impôts pour réparer les mauvaises décisions qui ont été les leurs. Finalement, ces deux thèmes sont assez proches : on ne peut pas faire indéfiniment de la merde, pour notre plaisir immédiat, sans avoir à le payer un jour. Mais en tant qu'individu totalement irresponsable, on espère que ce sont les autres qui vont payer à notre place...

Dans un registre plus positif, j'ai pu profiter de quelques jours de congés pour développer un projet que j'avais en tête depuis un certains temps : Drycat. l'objectif est de rendre secret un petit texte ou un fichier. Le logiciel génère alors un certain nombre de clés (parties) qui seront distribuées à différentes personnes. Pour reconstituer le secret originel, il faudra assembler les clés distribuées (nombres défini à la génération). Je trouve le principe génial ! Il s'appuie sur une théorie mathématique ancienne définie par Adi Shamir qui consiste à reconstruire une courbe par interpolation. D'ailleurs, il existe déjà une bibliothèque Javascript qui gère le cœur du projet, mais je lui ai ajouté une interface graphique moderne, avec QRCode, envoie de mail, chiffrement des fichiers, intégration d'OpenPGP. Le tout s'exécutant (quasiment) entièrement dans le navigateur ! Cerise sur le gâteau : mon frère a mis sa patte en modifiant le CSS. Ce projet n'est pas encore très populaire, mais il me permet de partager avec mes proches mes mots de passe (et autres informations personnelles) dans le cas où je ne serai plus en mesure d'administrer ma vie en ligne. Quant à libgourou, il continue d'être utilisé plus largement, avec 2 contributions et quelques tickets clôturés. Il draine une grand partie du trafic.

Statistiques 2024/2025

Nombre d'articles publiés Visites Données envoyées Pages affichées Trafic par domaine Systèmes d'exploitation Type d'IP

Top 10 :

Un top 10 qui représente 60% du trafic total du blog. La moyenne quotidienne (tous sites confondus) s'établit à 50 visites/jour. Le nombre de connexions IPv6 est en progression (de l'ordre de 40% ces derniers mois).

Cime du Cheiron

Sunday, 01 June 2025
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Écrit par
Grégory Soutadé

Aujourd'hui, direction la cime du Cheiron. Je l'avais dans un coin de ma tête depuis quelques années sans jamais oser me lancer. Surtout qu'après ma mésaventure d'Escragnolles, je voulais emprunter un chemin plus simple à suivre. Ici, la distance ne semble pas trop longue (~11km), mais le dénivelé y est plus important qu'à l'habitude avec 950m d'ascension verticale, qui va nous mener à 1778m d'altitude. La randonnée est notée comme difficile, principalement à cause du dénivelé je pense. Elle est pourtant assez populaire et l'on croise facilement tout le long du trajet des personnes, des groupes, voire même des trailers, qui font la montée et la descente en courant. Pour plus de simplicité, j'ai choisi l'option de randoxygène avec un départ depuis Gréolières, plus court, mais beaucoup moins alambiqué que les instructions visorando qui empruntent des chemins avec comme seul repère des cairns...

Village de Gréolières

Il ne fallait pas traîner pour en profiter pendant les beaux jours qui restent, car la chaleur sera très vite là (dès juin). En effet, bien qu'il ne fasse que 13°C au point de départ, la température corporelle monte rapidement, d'autant plus que les 2 premiers kilomètres sont vraiment raides. Il faudra donc bien penser à prendre de l'eau, un chapeau, des lunettes de soleil et de la crème solaire, car 80% du chemin se fait à découvert. À ce sujet, il est possible de se recharger en eau dans les fontaines du village !

Village de Gréolières

Le chemin passe à côté du second château (le hameau ayant été séparé et réunifié au fil du temps), offrant un beau panorama dès que l'on prend un peu d'altitude.

La progression verticale est plutôt rapide, alternant chemins plutôt agréables et d'autres avec plus de cailloux.

Au loin, le plateau de Calern avec l'observatoire de la Côte d'Azur.

Passé ces 2 kilomètres plutôt ardus, la pente se fait plus douce. On a même l'impression de toucher rapidement au but une fois arrivé au collet du Barri. Ce n'est en réalité que la première partie ! La suite se déroule dans un bois ombragé avec un sol parfois glissant (surtout après la pluie). Cette partie n'est pas forcément aisée, avec parfois un peu de dénivelé à passer.

Au sortir du bois, la perspective s'ouvre sur un paysage lunaire avec beaucoup de pierres. L'antenne relais au loin est notre véritable objectif ! Attention, à partir de ce point, le chemin est moins visible.

Arrivé au sommet, nous attend un panorama magnifique avec le haut des remontées mécaniques ainsi que les montagnes encore enneigées en arrière plan.

Les nuages chargés d'eau remontent sur la paroi Est, poussés par le vent.

J'ai raté le point de vue sur la mer, préférant rester non loin du point culminant pour me restaurer. Ce n'est que partie remise...

Le retour se fait en sens inverse. Il faudra être vigilant, le sol n'étant pas toujours très stable à cause des pierres.

La faune et la flore locale :

Cascade de Clars

Sunday, 18 May 2025
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Écrit par
Grégory Soutadé

Bassin de la cascade de Clars

Traditionnellement, les mois d'avril et de mai sont parfaits pour faire des randonnées : beau temps et températures idéales. Mais, entre pluies, travail et préparation des courses, il devient de plus en plus difficile de trouver un créneau pour sortir s'aérer. Juste avant de partir en congés dans l'Aveyron, il y avait bien ce mercredi là, même si le temps allait se gâter en milieu de journée. Les indications données sur visorando étaient compliquées, car la boucle est en réalité une agrégation de plusieurs parcours, pas forcément bien balisés et avec des aller-retour. Le plan était donc assez foireux à la base, et ce n'était que le début...

J'avais repéré le point de départ, situé à l'extérieur d'Escragnolles. Pourtant, une fois rentré dans le village, impossible de prendre la route en question (il faut en réalité prendre l'entrée au niveau du giratoire de la Charbonnière). Difficile de circuler une fois à l'intérieur du village, surtout quand un habitant abandonne sa voiture sur le passage pour aller dire bonjour à ses voisins... Bref, en cherchant un peu je vois quand même un panneau indiquant le point de départ, j'espère qu'il ne sera pas trop loin. Dès les premiers mètres, je sens que mon poignet est plutôt léger. En effet, j'ai oublié ma montre... Rien de dramatique, je continue. Le paysage est sympa, avec une belle luminosité, donc première photo ... En fait non, car, bien que chargé, le bouton d'alimentation s'est enclenché quand j'ai mis l'appareil dans la sacoche quelques jours auparavant. Retour donc à la voiture pour déposer cet objet mort. À ce moment, je savais qu'il ne fallait pas insister et revenir à la maison, il y avait trop de signes négatifs. Je décide pourtant de continuer.

Cascade de Clars

Après analyse, il y a en réalité 2km pour joindre le départ de la randonnée ! Une fois le bon sentier trouvé, le temps commence à tourner. Je décide de faire la randonnée dans le sens inverse en espérant que je pourrais m'orienter plus facilement et me dirige vers la cascade qui est bien indiquée. On y arrive en seulement 20 minutes sans trop de difficultés (trop court pour une rando).

Vallée d'Escragnolles

Éclair de génie (...), au moment d'arriver à la cascade, je me suis souvenu que mon téléphone pourrait faire office d'appareil photo de secours. Je cherche des traces sur la colline d'en face, mais je ne vois pas la suite du chemin. En relisant les instructions, je me rend compte qu'il s'agit d'un aller retour. La bifurcation se trouve un peu en aval. Après un temps de réflexion je décide de faire la rando complète car je ne viens pas souvent dans le coin.

Chemin Chemin

Une fois passé la rivière, on marche principalement à flanc de montagne, ce qui est plutôt agréable. J'arrive à repérer la bifurcation un peu cachée. Sur le chemin qui suit, il est indiqué un mégalithe à 100m. Je ne l'ai jamais vu... Nouveau croisement. Je prends à gauche, on dirait qu'il s'agit de la redescente et décide de poursuivre tout droit.

Champs de thym

Je me retrouve alors dans un champs de thym et peut profiter des effluves à chaque pas, mais je suis loin du chemin. L'endroit est clairement utilisé par les chasseurs, on y voit beaucoup de promontoires. Arrivé près de la falaise, je remonte pour aller au sommet de la montagne. Ce n'est pas évident hors sentier, mais ça se fait. Une fois sur le plateau, la vue est magnifique, je ne regrette pas d'être venu. En plus c'est l'heure du casse-croûte ! (j'avais faim depuis au moins une demi heure).

Panorama

Pour le retour, je suis le chemin principal (une large piste pour les chasseurs). Retour à ce fameux croisement, je prends donc la piste qui semble être celle du retour, mais arrive dans un cul-de-sac. C'est à ce moment que les choses dérapent... Je continue ma descente hors piste en espérant retrouver cette fameuse trace (le chemin a l'air plus court que si je devais revenir sur mes pas). Cette partie est assez découverte. ourtant, malgré les quelques pistes qui semblent tracées, impossible de tomber sur le chemin. J'ai déjà beaucoup descendu et arrive dans la forêt. Dilemme : tout remonter ou continuer ? je continue bonnant malant en repérant de minces traces par-ci par-là. Quelques gouttes tombent du ciel. Heureusement la pluie s'arrête rapidement. Une fois dans la forêt, les repères sont beaucoup moins clairs. Par chance, il y a cette restanque, je ne dois pas être si loin que ça d'une piste, je poursuis en la longeant et ... Je me retrouve presque perdu. C'est dans ce genre de situation qu'il ne faut surtout pas céder à la panique.

Un peu plus bas se trouve le lit d'une rivière asséché. Sur la carte il faut descendre toute la montagne jusqu'à la rivière du bas. Je progresse un peu plus vite sur cette partie car il n'y a pas de végétation. Une fois arrivé tout en bas nouveau dilemme : aller à droite ou à gauche ? C'est dans ce cas que le bout de carte IGN de visorando peut sauver des vies : d'une part, il y a les tracés des rivières, et d'autre part, les courbes de dénivelé permettent de se faire une représentation mentale en 3D et ainsi mieux se repérer dans l'espace. La progression est assez difficile car il y a beaucoup de végétation. De l'autre côté, il semble y avoir le champs aperçu quand j'étais plus en amont. Hélas, impossible de trouver ce fameux "pont en pierre très bien conservé", je traverse donc à un passage plus facile et escalade les quelques murets pour remonter (en m'accrochant au passage dans les ronces). En haut, je tombe sur un champs entouré d'une clôture électrifiée, j'espère qu'il n'y a pas un Patou qui monte la garde...

Finalement je peux remonter la route, avec beaucoup de retard sur l'heure prévue (le départ est le lendemain, je dois préparer les affaires). Il y avait une inauguration du bassin récupérateur d'eau ce jour là et j'ai pu croiser une voiture qui m'a gentiment ramené en stop, ce qui m'a évité les 3 derniers kilomètres de bitume !

Bref, même si je ne m'en sors qu'avec des griffures de ronces, ce fut une grosse galère, comme pressenti dès le départ...

Sentier des Douaniers / du Corbusier

Sunday, 13 April 2025
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Écrit par
Grégory Soutadé

Le sentier des Douaniers, renommée sentier du Corbusier en hommage au célèbre architecte inhumé à Roquebrune-Cap-Martin, est une promenade familiale qui longe la côte de Roquebrune. Le chemin, goudronné dans son ensemble, est relativement plat, bien qu'entrecoupé régulièrement d'escaliers. D'une distance d'environ 3km (aller), il permet de rejoindre le cap (Martin). Cet aspect accessible fait qu'il est assez emprunté par les touristes et les locaux.

L'idéal est de prendre le train puis de s'arrêter en gare de Roquebrune-Cap-Martin. Le point de départ se situe immédiatement sur la gauche en sortant de la gare. En suivant le chemin des douaniers (côté opposé, sur la droite, direction les plages), il est possible de joindre Monte Carlo (~2 km), mais la promenade semble moins intéressante. Une fois sur le sentier, il n'y a pas vraiment d'issue, il suffit de poursuivre jusqu'à la fin.

Ce dimanche, la météo était au beau fixe sur les Alpes-Maritimes. Pourtant, les nuages sont restés accrochés sur le flanc de la montagne sans se disperser, ce qui rend les photos moins jolies, mais la promenade pas forcément moins agréable. En effet, le sentier est plein sud, goudronné, avec peu d'ombre. Il faudra donc penser à mettre un couvre chef et prendre de l'eau, voire des lunettes de soleil et de la crème solaire, les jours de beau temps.

Tout le long du chemin, il y a des petites criques accessibles, ainsi que plusieurs bancs. Il est donc aisé d'atteindre la mer, même si cette dernière est entourée de rochers plus ou moins saillants. Il faudra donc être vigilant lors des baignades (privilégiez des chaussures aquatiques).

Si l'on a la plupart du temps les yeux rivés sur la mer, on peut apercevoir ça et là les immenses villas en hauteur (encore plus impressionnant quand on regarde sur Google Maps). D'autant que beaucoup d'entre elles datent de la Belle Époque. Notamment ce promontoire (privé) aménagé en front de mer.

Curiosité du parcours, des chèvres ! Elles sont habituées au passage et se collent même au grillage pour capter quelques caresses.

Sur le retour, la baie de Monaco s'offre à nous. Paradis pour personnes fortunées du fait de sa fiscalité avantageuse, et aberration urbaine, dont les immeubles constituent un investissement financier plus qu'un pied à terre, faisant passer Paris pour une ville accessible (le prix au mètre carré y est 5 à 8 fois plus cher). C'était d'ailleurs un week-end du Masters 1000 de Monte-Carlo.

En fin de (mi-)parcours se profile au loin la ville de Menton, frontalière avec l'Italie. Le parking adjacent peut également être le point de départ de la randonnée.

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Monday, 24 February 2025
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Écrit par
Grégory Soutadé

Les conflits armés sont des événements décidément très imprévisibles. Il y a un peu plus de 3 mois, nous passions le cap des 1 000 jours depuis le franchissement de la frontière Ukrainiennes par l'armée Russe. 1 000 jours de combats acharnés, 1 000 jours de courage, 1 000 jours de résilience, 1 000 jours d'innovation, 1 000 jours que Kiev résiste tant bien que mal à un ennemi largement supérieur en homme et matériel.

À la sortie de l'hiver dernier, et après une contre offensive Ukrainienne stérile, les positions étaient relativement figées. L'aide Américaine concernant les livraisons d'obus a été gelée pendant plusieurs mois suite à la discorde entre Républicains et Démocrates. Face à ce constat, le haut commandement Russe a décidé d'augmenter (encore) les moyens. Le nombre de missiles envoyés quotidiennement avoisine désormais les 100 par jour, visant notamment les installations énergétiques, mais aussi les bâtiments civils. Plus encore quand il s'agit de répondre à une attaque de missiles longue portée. Heureusement, grâce au soutient allié, nombre d'entre eux sont interceptés, même si certains traversent les mailles du filet.

Sur le terrain, l'armée de Poutine a adopté de nouvelles stratégies plutôt efficaces puisqu'elle progresse, faiblement, mais quotidiennement, avec un nombre de combats engagés là encore plus important. Ceci, malgré les nombreuses pertes humaines. De l'ordre de 1 000 soldats mis hors de combat par jour selon les chiffres du renseignement Ukrainien. Ainsi, dans le Sud Est, Avdiïvka est tombée. Pokrovsk est quant à elle quasiment encerclée. Stratégie moins coûteuse et plus efficace qu'un assaut frontal. Au Nord Est, la Russie a réalisé une nouvelle percée dans le sud de la région de Belgorod. L'étirement des zones de combats étant plus favorable aux soviétiques grâce à leurs importants moyens humains et matériel. En effet, 3 ans plus tard, elle est toujours capable de recruter des unités pour le combat, et l'industrie de l'armement tourne à plein régimes, par delà les sanctions.

Afin d'éviter la chute de Pokrovsk, l'Ukraine a lancé un mouvement très audacieux en envahissant une partie de la région de Koursk, directement sur le sol Russe. Un jet de dés pour espérer alléger la pression sur le front Sud, mais aussi pouvoir peser dans d'éventuelles négociations. La réponse Russe fut tout aussi intelligente avec la mobilisation de troupes Nord Coréennes (en plus de son soutien matériel). Mouvement tout a fait légitime d'un point de vue du droit international, car il s'agit de protéger son intégrité territoriale. Selon les diverses sources, ce sont donc plus de 10 000 soldats supplémentaires qui sont arrivés. Une aubaine pour le camps de Poutine.

Côté Ukrainien, les succès militaires sont rares. Un certain nombre d'avions de chasse sont opérationnels depuis l'été dernier, mais ne sont utilisés que pour des tâches défensives telle que l'interception de missiles. Par contre, l'industrie s'est grandement spécialisée dans la conception de drones à courte et longue portée. Ce qui permet d'endommager régulièrement les installations pétrolières et gazières très profondément dans le territoire ennemi. La guerre de drones est une nouveauté à laquelle peu d'armées étaient préparées. Les innovations y ont été rapides, peut-être autant que pour les missiles hyper sonique. Ces nouvelles armes sont redoutables, avec une précision inégalée quand elles sont directement pilotées par caméra. Notamment contre les chars qui ne sont pas forcément complètement blindés sur la partie supérieure. Idem pour les drones maritimes, véritable terreurs de la mer Noire, obligeant la flotte ennemie à se retirer en mer d'Azov. La marine Russe a ainsi développé des drones anti drones ! Comble de cette bataille technologique, nombre de militaires Ukrainiens formés à l'étranger se sont plaints de ne pas avoir reçu de formation spécifique pour ces nouveaux types de combats.

Fin janvier, Donald Trump est entré en fonction. Le 47e président des États-Unis est encore plus imprévisible que lors de son premier mandat. Il souffle le chaud et le froid, alternant entre soutien à l'Ukraine et négociations forcées. L'aide destinée aux pays étrangers ayant été suspendue dès sont entré en fonction, c'est désormais les métaux rares du sous-sol Ukrainien qui l'intéresse (parce qu'il adore les forages). Pourtant, les États-Unis semblent de moins en moins capables de peser dans l'issue du conflit. Trump veut juste stopper les dépenses liées à cette guerre, sans avoir d'intérêt réel quant au sort de l'Ukraine. Ce qui oblige l'Europe à faire plus et mieux, alors qu'elle est en proie aux difficultés et divisions.

Le soutien de l'opinion publique internationale s'étiole lui aussi de jours en jours. De plus en plus d'Ukrainiens sont eux-mêmes disposés à abandonner une partie de leurs territoires perdus contre la fin du conflit. Le président Zelensky n'est plus soutenu que par 57% de ses concitoyens, alors que la loi martiale court toujours et que des élections auraient normalement dû être organisées. Côté Russe, la population souffre en silence, car sous une croissance en trompe l'œil (4,1% selon les chiffres du Kremlin) principalement tirée par l'industrie militaire, la réalité du quotidien est beaucoup plus difficile avec une inflation de 9,5% en 2024. Ce problème économique pousse nombre d'entre eux dans les rangs de l'armée, qui offre de bons salaires et de bonnes primes en cas de pépin.

Dans ce tableau plutôt noir, on peut pourtant lire l'incroyable résilience d'un peuple agressé depuis maintenant 3 ans et qui vit proche des zones de combat, voir même pour certains carrément dedans. Peuple toujours debout malgré les alertes quotidiennes, les destructions, les pénuries et les mauvaises nouvelles quotidiennes.

Le bras de fer continue donc, avec des répercutions de plus en plus dramatiques sur le long terme, d'un côté comme de l'autre. Il faut continuer à espérer une sortie rapide et favorable, même si elle semble peu probable sans un soutien majeur extérieur.