Ce qui manque le plus en revenant en France, ce sont les Portugais ! Il y a au Portugal cette douceur de vivre que partage un peuple chaleureux. Si on y a ajoute un climat doux (bien que le mercure s'amuse parfois à flirter avec les 40°C), ainsi que des prix bas, il n'est pas étonnant qu'il soit devenu un lieu de villégiature privilégié pour nos retraités. Le Maghreb offrait les mêmes prestations (avec la langue française en plus !), mais le printemps Arabe et l'instabilité politique de toute la région a ruiné ce levier économique. Espérons que la chute des dictateurs profitera rapidement au peuple. Néanmoins, la barrière de la langue n'en est pas vraiment une. Les Portugais (surtout les jeunes) sont très à l'aise avec l'anglais, et, souvent, parlent quelques mots de français. Sinon, des bases d'espagnol suffisent pour comprendre l'écrit.
Si en tant que touriste, on ressent bien cette douceur de vivre, il ne faut pas croire que les locaux se la coulent douce. Bien au contraire, c'est un peuple qui ne rechigne pas à la tâche ! Et même sous 40°C, en uniforme, un agent de la police municipale fait la circulation sans sourciller, des ouvriers de la voirie refont le pavage des trottoirs. Les commerces, s'ils ouvrent plus tard que chez nous (10h en général), ferment aussi plus tard (20h/21h). Les restaurants et les bars sont ouverts tard le soir.
Car, oui, tous les trottoirs sont pavés ! Avec des petits pavés blancs quasi rectangulaires, parfois intercalés par des pavés noirs afin d'imprimer des motifs. C'est un travail énorme qui offre un résultat authentique. Attention cependant, si les portugais connaissent l'art du pavage, il n'en est rien concernant celui du terrassement ! Sans de bonnes chaussures, les promenades deviennent vite usantes pour les membres inférieurs (mollets, chevilles, pieds). Cet art du pavage se retrouve également sur les murs avec les fameux Azulejos qui font partie de la caricature classique des Portugais (bien qu'ils furent importé par les Maures). Ce sont des carreaux ou des faïences marqués par des motifs plus ou moins élaborés, mono ou polychrome, que l'on retrouve sur les murs (tant intérieurs, qu'extérieurs) des maisons traditionnelles.
Autre anecdote de voyage : celle d'une employée d'un hôtel qui parcourt tout le village en courant parce que j'avais payé 10€ de trop sur la note. D'ailleurs, pour ceux qui prennent un hôtel, il ne faut surtout pas souscrire à un petit déjeuner ! Certains établissements, peu chers, offrent de l'oasis comme jus d'orange (...). La plupart n'ont rien d'extraordinaire (petit déjeuner continental classique). Il est en réalité beaucoup plus intéressant d'aller dans une des nombreuses pastelarias. C'est l'équivalent de nos boulangeries/pâtisseries qui proposent un petit déjeuner complet pour quelques euros seulement (entre 3€ et 5€). Concernant la nourriture justement, les prix sont divisés par deux ou trois (compter 7€ à 15€ pour un plat principal, l'eau en sus). Attention : il faut absolument éviter les zones touristiques ! Là encore, le Portugal regorge de petits restaurants et snacks/bars qui, s'ils n'offrent pas un grand standing (on hésite souvent à y rentrer), proposent des plats typiques, préparés sur place, à base de produits frais et permettent en plus de soutenir l'économie locale. Rien n'empêche pour autant de faire quelques restaurants un peu plus haut de gamme. De toutes façons, du nord au sud, la carte est quasi identique : poissons grillés, variantes autour de la morue, quelques viandes. Pour autant, une semaine ne suffira pas à tout goûter. On trouve également des spécialités propres à chaque ville : francesinha à Porto, ovos moles à Aveiro, ginjinha à Óbidos, pastéis de nata dans le quartier de Belém (Lisbonne), queijada et travesseiros à Sintra... Par contre, je déconseille de suivre les suggestions du guide du routard en matière gastronomique. Les adresses données n'ont rien d'extraordinaire (voir sont décevantes) pour, au moins, les quatre cinquième. Pour autant, il s'agit d'un très bon guide concernant les informations générales et les bons plans.
En parcourant un peu le Portugal, on se rend compte que la société est en pleine mutation. Nostalgique de ses heures de gloire portées par le commerce maritime, elle semble s'être endormie et a raté l'ère industrielle pour ne se réveiller qu'après la chute de la dictature de Salazar dans les années 70. Ainsi, le Portugal assume un retard technologique important et s'est trouvé contraint d'acheter leurs savoir-faire aux autres puissances Européennes. Deux mondes y cohabitent actuellement : une société traditionnelle, pauvre, mais auto-suffisante, faite de petits villages, de pêcheurs, d'agriculteurs, d'oléiculteurs, de viticulteurs, de bâtisseurs, et une société moderne, plus dynamique, ouverte sur le monde, tournée vers les arts, les langues et le tourisme. C'est dans cette seconde voie que le gouvernement souhaite s'engager, même si c'est une voie coûteuse (et Bruxelles le lui rappelle régulièrement). L'exemple le plus flagrant de ce fossé est l'image de quelques bouts de terres encore cultivées aux pieds de grandes barres d'immeubles de la périphérie Lisboète. L'attrait touristique qui profite aujourd'hui au pays (et qui ne sera pas éternel), est parfaitement exploité : la plupart du patrimoine historique requiert un droit d'entrée (pas forcément élevé). Espérons simplement que le gouvernement profitera de ces rentrées d'argent pour faire les bons investissements. Personnellement, je trouve que l'attraction touristique (tant national qu'international), y est même trop forte : les rues sont encore bondées en septembre, certaines bourgades ne ressemblent plus qu'à un grand parc à touriste, loin de l'aspect typique et de la quiétude qu'ils inspirent.
Porto
Porto, la capitale du Nord, seconde ville du pays après Lisbonne. Port originel de la région du Douro, qui prête son nom au fameux "vin de Porto" abrégé en "Porto", bien que le raisin soit cultivé 100km plus au nord. C'est une grande ville très typique de la société Portugaise (beaucoup plus que Lisbonne), avec ses façades entières recouvertes d'azulejos. Elle semble malgré tout assez pauvre (sans pour autant que l'on se sente en insécurité). La plupart des immeubles sont dans un état de délabrement avancé, mais aussi, beaucoup sont en rénovation. De l'autre côté du Douro, Vila Nova de Gaia abrite les caves des grands noms du Porto : Cruz, Cálem, Ferreira, Grahams, Dow's, Barros...
Aveiro
La vieille ville, cernée d'immeubles modernes, a su conserver l'aspect typique d'un petit port charmant où les pêcheurs partaient tôt le matin. Il y a également une exploitation de marais salants. Aujourd'hui, ce petit coin est quasi exclusivement tourné vers le tourisme. Pour les voyageurs de passage et les curieux, il existe une spécialité pâtissière : les "ovos moles" ou "œufs mous" en français : 1kg de sucre, 60 jaunes d'œufs... il faut aimer le goût de l’œuf et ne surtout pas être diabétique ! En réalité, ce n'est pas un dessert qui présente un grand intérêt. Il ne faudra pas non plus manquer la gare traditionnelle dont la façade est une œuvre d'art, ainsi que les rues pavées qui ont fait la réputation de la ville.
Fátima
La vierge Marie y serait apparu à trois jeunes bergers au début du siècle dernier. On y a donc construit une immense basilique (plutôt petite à l'intérieur) en face d'une esplanade de 28 hectares pour accueillir les pèlerins, mais aussi des hôtels à foison, des commerces ésotériques à n'en plus finir et pas moins de 13 immenses parkings. Sa dimension s'approche de Lourdes pour les Portugais. Beaucoup parcourent une partie de la place à genou en espérant un miracle. Messes à toute heure et brasier permanent pour les cierges. Un peu "too much"... Les promeneurs égarés auront remarqué qu'un bout du mur de Berlin y est exposé.
Nazaré
Ancien petit port de pêcheur autrefois très typique. Aujourd'hui, station balnéaire très prisée. La vieille ville aux rues étroites reste un peu préservée devant l'urbanisation galopante. Le seul intérêt réside dans la proximité de plage (surveillée).
Óbidos
Autre parc à touriste au charme fou. Il est peu conseillé d'y rester dormir tant tout est tourné vers le tourisme (qui doit représenter 90% du bassin de l'emploi local), donc cher ! Une demi-journée suffit amplement. Pour les plus fortunés ou pour un week-end dépaysement, il est possible de dormir/se restaurer dans la pusada du château (300€/nuit), classée monument historique. La spécialité d'Óbidos est la ginjinha, une liqueur de griotte que l'on consomme dans une petite coupe en chocolat. On en vend à tous les coins de rue. Loin de la pagaille de ses rues étroites, il ne faut pas hésiter à aller voir le sanctuaire qui se situe à l'extérieur de la ville (~500m, accessible à pieds), malheureusement presque en ruine. Néanmoins, les restaurants qu'il cache sont les meilleurs du coin (penser à réserver avant).
Sintra
Loin de l'agitation Lisboète, elle fut prisée des bourgeois de l'époque qui n'ont pas hésité à y construire des maisons et palais extraordinaires. Particulièrement la quinta de Regaleira de la famille Monteiro (sur les plans de Luigi Manini) dont les 4 hectares du domaine valent vraiment le détour. Les plus courageux pourront monter à pied jusqu'aux remparts (entrée 8€ au-delà), sinon il faudra prendre le bus pour les découvrir.
Lisbonne
La ville aux 7 collines. Non, Lisbonne, malgré sa proximité avec la mer, n'est pas plate ! Pour atteindre certaines parties (dont le château Saint Jorge, fief du premier roi du Portugal Afonso Henriques dit Alphonse 1er), il est recommandé d'emprunter le vieux tramway de 1901 ! Ce ne sont que quelques unes des merveilles qu'elle renferme. Les Portugais revenant de voyages à l'autre bout du monde autant que les locaux éprouvent ce plaisir immense lorsqu'ils passent la tour de Belém, chef d’œuvre posé sur le Tage, à la fois signe de fierté et de puissance. Pourtant, au delà de ses sites historiques et culturels majeurs, la ville, qui fut quasiment rasée par le tremblement de terre de 1755, apparaît plutôt policée. En s'y promenant, il n'y a rien de plus que ce que l'on pourrait trouver dans une autre capitale Européenne. Si elle laisse un très bon souvenir au voyageur occasionnel, il ne faudra pas trop s'y attarder (2/3 jours maximum) et plutôt s'aventurer dans la campagne (ou Porto, voire même Coimbra) pour découvrir la véritable culture Portugaise. Dans tous les cas, un saut dans le quartier de Belém (toujours en tramway !) est essentiel. On pourra y déguster les fameux pastéis de nata accompagnés d'une bonne caïpirinha rafraîchissante (venue du petit frère Brésilien).