J'étais dans le TGV en direction de Lyon, quelque part dans la Drôme. Peu après m'être connecté au réseau wifi du train, mon téléphone s'éteint. La batterie n'était pourtant pas vide. Impossible de le faire démarrer si ce dernier n'est pas relié au secteur. Le phénomène se reproduit lorsque je reçoit un appel ou que j'active les données. Quelques jours plus tard le calme revient. Il semble fonctionner de nouveau normalement. Je reprends espoir, en vain. En effet, alors que je suis en pleine ascension du Sommet de Robion, je reçois l'appel d'un démarcheur. Mon téléphone ne s'en remettra jamais...
Il faut dire que c'était mon premier smartphone, acheté 10 ans plus tôt (septembre 2013) via le Google Play Store (dont la holding de Google est basée en république d'Irlande). La bestiole était alors en solde (250€ pour la version 16Go, contre 350€ de base) pour préparer la future sortie du Nexus 5. À l'époque, c'était une occasion intéressante de remplacer mon bien aimé Nokia 7373 à clapet rotatif. Malheureusement l'écran s'était fissuré pour la seconde fois en 2018 et je n'avais pas pris soin de le remplacer de nouveau. Récemment, les infiltrations d'eau avaient augmenté, ce qui a provoqué, à mon avis, quelques courts-circuits.
Le Nexus 4 est le second smartphone de Google, co développé avec le Coréen LG (et fabriqué par ce dernier). Le gros avantage d'avoir un smartphone Google fut le support d'Android bien après l'arrêt de sa production, même si la version maximale installable était Android 5 (Lollipop). Pour des raisons de performances, j'avais d'ailleurs rétrogradé le système en version 4.4 (KitKat).
Se pose alors la question cruciale du choix de son remplaçant. Depuis 10 ans les constructeurs ont pris la (mauvaise) habitude de sortir un modèle par an, parfois décliné en plusieurs gammes. Le nombre d'acteurs est lui aussi beaucoup plus important (plus de 10 si on ne compte que les gros). Naturellement satisfait par mon Nexus, j'allais m'orienter vers le nouveau Pixel 8a. Mais en le comparant à ses concurrents, je me suis rendu compte que le format ne me convenait pas. Introduit par Sony avec le Xperia 10, le format 21:9 (ou équivalent) n'est pratique que pour regarder des films. Il l'est beaucoup moins quand il s'agit de manipuler le téléphone à une seule main. De plus, hormis chez Samsung et Apple, les autres constructeurs ne proposent que des smartphone trop gros. Quant à LG, ils ont arrêté l'activité de téléphonie. En réalité, la plupart des fabricants sont dépendants des constructeurs d'écrans.
Ne voulant pas m'enfermer dans l'écosystème Apple, j'ai donc porté mon dévolu sur un Samsung Galaxy S. Le dernier né, le S24, table à 800€. Vraiment trop cher pour mon utilisation. Son grand frère, le S23, n'est pas beaucoup moins cher (600€/700€). Heureusement, les vendeurs vident leurs stocks de S22 pour 500€. Ce qui est déjà un budget ! Les différences matérielles avec les modèles suivants semblent marginales. Mais, est-ce un bon choix sur le long terme vu que tous les services sont censé être dopés à l'intelligence artificielle ? On pourrait en douter vu que le processeur Exynos 2200 du S22 ne semble pas contenir de réseau neuronal programmable.
C'est un choix fait en connaissance de cause. Personnellement, je trouve que la tendance actuelle qui consiste à user et abuser de cette technologie n'est pas bonne. Tant d'un point de vue construction d'une réflexion individuelle et pertinente (travail mâché par la machine), que d'un point de vue utilisation des ressources (bonjour les gigas data centers). C'est comme choisir entre la boîte de vitesse automatique et manuelle. Certes, le régulateur de vitesse est un outil formidable (tâche simple et récurrente), mais la plupart du temps le mode manuel est plus performant.
Il faut dire que l'ordiphone est devenu un mode de vie. À la fois par sa puissance de calcul, par le nombre d'appareils qu'il remplace (photo, vidéo, GPS...) et surtout, grâce à la puissance des réseaux télécoms qui nous permettent d'être connecté en permanence au monde réconfortant de l'Internet. Cette connexion virtuelle nous relie aux personnes qui sont physiquement éloignées, mais paradoxalement, nous éloigne des personnes qui sont proches. Et que dire de la dépendance aux notifications ? Savoir qu'il y a quelque chose de nouveau rend difficile les efforts de concentration sur une période longue. D'ailleurs, les plateformes populaires sont celles qui proposent des contenus au format court : X, Instagram, TikTok, story, réels, snap...
En étudiant les différents modèles, j'ai été impressionné de voir la puissance de calcul disponible sur ces machines. Elles sont à la hauteur d'un ordinateur standard. Ainsi, beaucoup de personnes ne possèdent plus que des smartphones/tablettes à la maison. La quasi totalité de leur utilisation de l'informatique passant par un navigateur web. Revers de la médaille, avec l'augmentation constante de la puissance de calcul et de la mémoire vive disponible, les mauvais développeurs ne prennent pas le soin d'optimiser leurs applications web. Idem pour Android et ses applications toujours plus gourmandes en ressources.
Mon utilisation personnelle de cet appareil est plus réduite que la moyenne : principalement du SMS, quelques appels. Parfois un rapide coup d'œil sur Internet. De rares photos quand elles sont plus pertinentes que du texte. La prise de petites notes. Pour le reste, j'ai à ma disposition (de part mon métier) un ordinateur puissant et une connexion Internet en continue. Le passage d'Android 4 à Android 14 n'a donc pas été une révolution côté fonctionnalités, même si j'apprécie le débit plus élevé de la 4G, l'écran de très bonne facture, l'utilisation ponctuelle du GPS et du paiement sans contact (pratique quand on se balade en vélo).
Alors, pourquoi investir autant d'argent dans un appareil ? Et bien, comme pour beaucoup de choses dans la vie, ce qui est important c'est la qualité. Certes, l'on paie le ticket d'entrée plus cher, mais le produit dure plus longtemps. Quel est l'intérêt de payer 200€ tous les 3 ans, alors que l'on peut payer 500€ pour 10 ans ? En plus du coût écologique que cela implique ! Attention : un produit de qualité, n'est pas nécessairement un produit de luxe, ni même un produit cher. Le meilleur exemple est une tomate qui s'est développée en pleine terre et qui aura mûrie lentement au soleil sans apport excessif d'engrais. Un pur bonheur qui se suffit à lui même, mais qui n'est disponible que pendant une courte période. Le reste, c'est de la flotte !
Pour autant, les qualités intrinsèques d'un produit ne suffisent pas à ce qu'il perdure longtemps. Il faut également en prendre soin. L'ennemi numéro 1 des composants électronique est la chaleur. La chaleur détériore le matériel et notamment la batterie. Surtout que l'espace disponible autour de la carte mère du téléphone pour assurer la dissipation thermique est très faible. Sachant également que les constructeurs cherchent à obtenir des téléphones le plus compact et étanche possible. Difficile donc d'être performant dans tous les domaines, surtout si l'on rajoute le critère de réparabilité. Il n'est donc pas étonnant de voir n'importe quel appareil monter rapidement en température dès qu'on le sollicite un peu.
Le talon d'Achille sur le long terme est donc souvent la batterie qui a un nombre limité de cycles de charge. Comme un fumeur, le possesseur de smartphone est toujours en manque de batterie. Dans une course effrénée, il applique des patchs de charge rapide qui la font chauffer encore plus. Côté constructeurs, il est intéressant d'augmenter la taille de l'écran et ainsi embarquer une batterie plus grosse, même si l'écran consomme beaucoup d'énergie ! Il faut pour autant reconnaitre les gros progrès réalisés par les écrans LED (et dérivés) en terme de qualité et de consommation. D'ailleurs, comme sur un ordinateur portable, la qualité de l'écran (et non pas uniquement sa définition en terme de pixels) devrait être un critère de choix majeur, car c'est ce qui va lui permettre de ne pas rendre rapidement l'appareil obsolète. Celui du Nexus 4 était excellent.
Il existe des tas d'astuces pour prolonger la vie la batterie, et de son téléphone en général. Là encore, c'est une question de bon sens, qui devrait également être appliqué dans notre quotidien. Quand les grosses sociétés veulent des consommateurs idiots afin de récupérer leurs données et les faire consommer indéfiniment, il faut être raisonnable et n'activer les services que lorsque cela est nécessaire. C'est également une recommandation de la NSA (hum hum) afin d'augmenter la sécurité. Il n'est ainsi pas nécessaire d'avoir en permanence : le GPS, le bluetooth, le Wifi, le NFC... Dans mon cas, je désactive même en permanence les données et passe en mode avion pendant la nuit. Certes, je n'ai pas accès en temps réel aux applications de messagerie instantanées (Whatsapp n'était de toutes façons plus fonctionnel sur mon Nexus). Cependant, comme pour le mail, rien n'interdit de relever le courrier plusieurs fois par jour et de laisser les données activées quand une conversation s'engage. À ce propos, les "modes et routines" disponibles dans Android pour "programmer" son téléphone sur des événements sont une belle découverte.
Il faut également allumer l'écran moins possible (et désactiver le mode Always On Display/AOD), ce qui permet d'économiser grandement la batterie sans perdre en fonctionnalités. D'ailleurs, je regrette la disparition des LED de notification qui étaient très peu gourmandes en énergie. À la place, j'ai (dû) installé une application de notification qui va afficher un cercle au niveau de la caméra (en mode AOD) lors de différents événements (message reçu, appel manqué...), ce qui évite d'activer régulièrement l'écran pour vérifier les nouvelles notifications.
Finalement, pour parfaire la durée de vie de son téléphone, il faut (malheureusement) l'équiper de l'indispensable coque protectrice (voir d'un film d'écran). Ce qui le rend encore plus gros et diminue sa faculté de dissipation. J'ai l'impression d'avoir une brique entre les mains ! Comme conseillé par le vendeur de chez Darty, j'en ai commandé une sur Rhino Shield. Le choix n'est pas pléthorique comme il peut l'être ailleurs, mais j'avoue avoir été impressionné par la qualité des coques. Coques qui s'adaptent parfaitement au modèle choisi. Seul bémol : le motif sur la face arrière a tendance à s'user avec les frottements des doigts. On verra si elle résiste aux chocs (ce qui est le plus important).
J'espère que mon S22 aura une vie aussi longue que ses aînés !